Ce récit littéraire puissant sur l'autisme entend faire entrer cette minorité dans le champ des études de sciences sociales. Ici, rien n'est caché des difficultés, rien n'est sublimé non plus, et surtout, on comprend enfin de l'intérieur ce qu'est ce neuroatypisme. Un trouble qui fait trembler la société parce qu'il est une force de résistance à l'homogénéisation du monde. À Eribon et Despentes, il emprunte le récit depuis les marges, à Bourdieu le trouble de l'appartenance sociale, à Butler le queer, à Ehrenberg la critique du néolibéralisme, à Morizot les traces d'animal en l'humain... l'autisme est irréductible. Florian Forestier use de la première personne pour embarquer le lecteur dans un manifeste qui part du corps pour éclairer un phénomène que l'on croit connaître, à tort. Florian Forestier est né en Suisse en 1981. Il est titulaire d'un doctorat en philosophie et diplômé de l'école des Chartes. Conférencier à Sciences Po, conservateur à la BNF, directeur d'ouvrage d'un essai (Désubériser, Ed du Faubourg, 2020), auteur d'un roman (Basculer, ed. Belfond 2021), il a toute sa vie voulu décrire cette étrangeté en lui, un labyrinthe intérieur dont il fait une matière littéraire poignante. N'attendez pas un discours tout fait sur l'autisme, celui-ci va vous déranger.