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L’exode de 1940 a laissé dans la mémoire collective l’image d’un flot apeuré de familles et d’individus fuyant éperdument l’envahisseur, bref moment de folie collective et de dislocation sociale et étatique circonscrit au printemps 1940. L’étude de l’exode conduite à l’échelle du département de l’Eure offre une image beaucoup plus nuancée de l’exode : à l’échelle individuelle, on constate l’existence de stratégies en vue de réaliser un objectif, souvent atteint – rejoindre le foyer d’un proche ou d’un parent, par exemple. À l’échelle des structures sociales et administratives, le rôle des acteurs publics et associatifs paraît essentiel dans la gestion des flux de réfugiés, en particulier dans la prise en charge de certains réfugiés fragiles – patients hospitalisés, enfants. Enfin, il semble nécessaire de prendre en compte des temporalités plus large que le printemps 1940 pour comprendre les logiques de l’exode, qui apparaît finalement comme une expérience éminemment plurielle.

The 1940 exodus has left in the collective memory the image of a frightened stream of families and individuals fleeing desperately the invader, a brief moment of collective madness as well as social and state dislocation confined to the spring of 1940. The study of the exodus conducted at a departmental scale offers a much more nuanced picture of the exodus : at an individual scale, we note the existence of strategies to achieve a goal, often reached – joining the home of a relative or a parent, for example. At the scale of social and administrative structures, the role of public and associative actors appears to be essential in the management of refugee flows, in particular in the care of certain fragile refugees – hospital patients, children. Finally, it seems necessary to take into account larger temporalities than the spring of 1940 to understand the logic of the exodus, which finally appears as an eminently plural experience.