48

À partir d’un corpus de conseils d’économie domestique, issu de la presse féminine française et américaine ( Modes et Travaux et Good Housekeeping) entre 1934 et 2010, l’article propose une analyse du corps idéal féminin, de sa mesure et de la place que tient l’alimentation au sein des disciplines de la corpulence. Les spécificités françaises et américaines du souci de minceur, ainsi que leurs évolutions au fil du temps, sont mises en évidence. L’article montre ensuite qu’à la façon dont est mesuré le corps (en centimètres, puis en kilos) correspondent des techniques particulières qui permettent aux femmes de peser toujours moins : à l’action extérieure succède une action intérieure, qui confère à l’alimentation une place privilégiée. De là, les transformations observées : au corps-machine a succédé l’idéal d’un corps-sur-mesure, dont la femme est plus que jamais responsable. Sous couvert de plaisir, le corps féminin, soumis à un travail personnel plus intense et à une surveillance plus étroite, est l’objet de contraintes de plus en plus marquées.

A tailored female body: Diet and body techniques in France and in the United States (1934-2010) Based on a corpus of home economics advice columns from American and French women’s magazines ( Modes et Travaux and Good Housekeeping) between 1934 and 2010, this paper analyzes the women’s ideal body, its measures, and the place of diet as a particular way to discipline corpulence. French and American specificities and evolutions over time are highlighted. The paper underlines the links between body measures (inches, then pounds) and the techniques to lose weight, from an external way to an internal one, in particular daily diet. Thus, we can observe the transformations of body representations, from a body-machine, to a tailor-made body. In parallel, women’s responsibility in this matter increases. Presented as a way of hedonism, body’s work is more and more constraint.