Comment Lil Wayne a remixé la mixtape
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Cela peut paraître bizarre à l’heure des sorties erratiques de singles en streaming, mais il fut un temps où les meilleur·e·s rappeurs et rappeuses se tiraient la bourre sur un format « mixtape », étrangement peu sensible aux variations de supports (cassettes, CD puis MP3). Format esthétique et commercial, la mixtape empruntait sa durée à celle de l’album (excédant parfois les plus longs d’entre eux) et, de plus en plus fréquemment au cours de son histoire, ses rythmes de parution effrénés aux sitcoms. Elle révéla quelques-uns des rappeurs les plus brillants et influents de leur génération – 50 Cent ou Fabolous. La seconde génération, en particulier, celle des Lil Wayne ou Gucci Mane, s’est montrée capable d’en enchaîner plusieurs par mois, donnant à voir le progrès de leurs flows presque en direct, générant sans cesse des punchlines sur le mode du flux de conscience, testant sans craintes des timbres vocaux ou des ad libs inédits. Nos camarades journalistes ayant surtout parlé de l’âge de la mixtape pour son économie et sa manière de préfigurer le marché dérégulé du streaming, il nous a paru important de revenir sur ce que la mixtape a pu porter au niveau du style et de la manière de rapper. Pour cela, nous sommes allés chercher l’un des meilleurs spécialistes en la personne de Josh Kaplan aka Abe Beame, de Passion of the Weiss, l’un des rares blogs à avoir continué après l’effervescence du milieu des années 2000 sans avoir à en rougir. Il nous replonge dans cette source vive, celle d’une certaine idée du rap comme délire fantaisiste presque ininterrompu, communiquant un mélange d’excès, de générosité et de tension dont l’influence reste perceptible chez les trappeurs et trappeuses d’aujourd’hui.
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