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Pendant des décennies, l’objectif de concevoir une « philosophie concrète » a orienté les travaux philosophiques de Günther Anders. Pourtant, il nous faut encore fournir une contextualisation historique et un examen critique de cet aspect crucial de sa pensée. Dans cet essai, j’examine les textes publiés et non publiés (de son vivant) qu’Anders a écrits contre Martin Heidegger à partir de la fin des années 1940. C’est bien dans ces textes qu’Anders explicite et détaille ce qu’est pour lui une philosophie de la « concrétude ». Cet article nous permettra, du moins je l’espère, de faire apparaître la philosophie d’Anders et de mieux discerner comment s’est formé le système d’idées qui sous-tend l’ opus magnum d’Anders, L’Obsolescence de l’homme.

The aim of devising a « concrete philosophy » informed Günther Anders's philosophical endeavors for decades. Yet this crucial aspect of his thought still deserves much more historical contextualization and critical scrutiny. In this essay, I examine Anders's writings, published and unpublished (in his lifetime), against Martin Heidegger from the late 1940s. Here Anders was at his most explicit and detailed in delineating a philosophy of « concreteness ». This piece, it is my hope, will advance our understanding of Anders's philosophical thought and discern better the formation of the system of ideas buttressing Anders's magnum opus, Die Antiquiertheit des Menschen.