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Partant de l’analyse de la littérature d’expertise et d’observations de réunions et de formations sur la prévention du suicide des âgés en France, cet article étudie la manière dont le suicide des personnes âgées, fait statistique ancien mais jusqu’alors invisibilisé, a été constitué comme problème public au cours des deux dernières décennies. Il montre tout d’abord comment la suicidologie a construit une lecture du suicide assise sur une démarche rétrospective – l’autopsie psychologique – qui implique la recherche de troubles ou de souffrances psychiques dans une optique de prévention et de soin. Le suicide s’y est vu durablement associé à un sous-diagnostic des troubles psychiques et en particulier de la dépression qui pourrait revêtir des formes spécifiques dans l’âge avancé. L’article explique ensuite comment le suicide des âgés se trouve aujourd’hui mis en exergue comme fléau sociétal tout en étant utilisé par certains experts pour défendre des positions institutionnelles.

Based on an analysis of the expert literature and observations of meetings and training sessions on suicide prevention for the elderly, this article studies the way in which the suicide of the elderly (an old but hitherto invisible issue) has been constructed as a public problem in France for the past two decades. First, it shows how suicidology has built a conception of suicide that interprets the act from a retrospective approach—the psychological autopsy—involving the search for mental disorders or suffering focusing on prevention and care. In this approach, suicide is associated with an underdiagnosis of mental disorders, in particular depression, which can take specific forms in old age. The article then explains how some experts today highlight the suicide of the elderly as a societal scourge, and how it could be used as a tool to defend institutional positions.