The shifting contours of colonial prostitution (Fort-de-France, Martinique, 1940-1947)
Type de matériel :
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La Seconde Guerre mondiale marque un tournant majeur dans le contrôle de la prostitution à la Martinique. La présence imposée de milliers de marins de métropole, immobilisés suite au blocus qui paralyse l’île, entraîne l’établissement de nouvelles mesures néo-réglementaristes à Fort-de-France. Ces mesures visent à fournir un moyen de gérer les relations interraciales dans la ville portuaire, dans un contexte colonial singulier où la citoyenneté française avait été octroyée à tous les habitants de l’île suite à l’abolition de l’esclavage. Adaptées aux pratiques locales, ces mesures sont lourdes de conséquences pour de nombreuses femmes, et ce indépendamment de leur activité sexuelle révélant ainsi le caractère poreux de la catégorie « prostituée » en temps de guerre. Les femmes ciblées par ces initiatives parviennent toutefois à contourner ces contraintes, dévoilant ainsi les limites du système établi.
The Second World War marked a turning point in the management of prostitution in Martinique. The presence of thousands of sailors from metropolitan France, who were stranded in Fort-de-France following a blockade that isolated the island for three years, ushered in the adoption of new policies for regulating prostitution in the port city. These measures aspired to control intimate relations across racial boundaries in a colonial setting where French citizenship had been extended to all individuals after the abolition of slavery. Their adaptation to local sexual practices, however, had far-reaching consequences for a large number of (mainly non-white, working-class) women, regardless of their involvement in the sex industry – thus revealing the elasticity of the category “prostitute” in wartime. Many of these women, however, managed to evade attempts to control their bodies, thus revealing the limits of the established system.
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