Covid-19 en Ehpad : quelle place pour les familles ?
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Représentante des familles au sein du Conseil de la Vie Sociale (CVS) d’un Ehpad, je propose une étude de cas à travers un retour sur expérience de la crise Covid-19 dans cet établissement, mis sous administration provisoire au début du mois d’avril 2020. L’Ehpad Piano fonctionnait en mode dégradé avant la pandémie, sans cadre de santé. Or, ni la direction de Piano ni les autorités de tutelle (Agence Régionale de Santé et Conseil Départemental) n’ont accordé le moindre crédit aux alertes réitérées des élus des familles. Le constat de la catastrophe humaine qui s’est jouée à Piano pendant le confinement et l’isolement des résidents s’inscrit dans les affres de l’abandon, du silence et du deuil impossible pour les proches, dont témoignent leurs courriels. Les défaillances institutionnelles interrogent la représentation des familles par les institutions mais aussi, au sein des Ehpad, le rôle d’un CVS, instance consultative, et la place des familles. Ces dernières, presque toujours aidantes malgré le placement de leurs parents en institution, ont découvert de façon souvent brutale qu’elles ont un rôle à jouer à l’intérieur même de l’Ehpad, celui de veilleur du bien-être de leurs parents. Leur place est à repenser de toute urgence dans un cadre autre qu’une verticalité excluante.
As a representative of families on the Council for Social Life (CVS) of an Ehpad (Nursing Home for Dependent Elderly Persons), I propose a case study that uses feedback on the COVID-19 crisis in the home, which was put under temporary administration at the beginning of April 2020. The Ehpad Piano operated in a downgraded mode prior to the pandemic, without any health care framework. But neither the management of Piano nor the supervisory authorities (the Regional Health Agency and Departmental Council) heeded the repeated alerts that came from the families’ representatives. The realization of the human catastrophe that unfolded at Piano during lockdown and the isolation of its residents are inscribed in the torments of abandonment, silence, and the impossibility for loved ones to grieve, as expressed in their emails. The home’s failures call into question how families are seen by homes, but also, within the Ehpad framework, the role of the CVS, an advisory body, and the place of the families. The latter, almost always eager to help despite having put their parents in a home, discovered, often in an abrupt manner, that they had a role to play within the home itself: that of watching over the welfare of their parents. Their place must urgently be reconsidered in a framework that goes beyond exclusive verticality.
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