95

À la fin des années 1990, Lagos et Mexico se sont vus accorder une forte autonomie par leurs États fédéraux respectifs. Les deux métropoles ont-elles suivi un processus de désencastrement sociopolitique relatif de leurs espaces étatiques similaire à celui des villes globales du Nord à la suite de leur intégration à la mondialisation post-1970, c’est-à-dire activé par l’intégration de leurs élites économiques à de nouveaux espaces d’accumulation mondialisés ? Cet article réfute la thèse du désencastrement relatif « par le haut » dans les cas de Lagos et Mexico. Le désencastrement relatif des deux (ex-)capitales s’est effectué « par le bas », mû non pas par leurs élites économiques mais par leurs secteurs populaires, via un double phénomène de reterritorialisation de la politique populaire et d’affaiblissement des liens clientélistes la reliant à l’État. Nous remettons ainsi en lumière l’idéal-type wébérien de la ville plébéienne et nous interrogeons sur les modalités de son retour.

At the end of the 1990s, Lagos and Mexico City were granted a large degree of autonomy from their respective federal states. Have the two metropolises experienced a process of relative state disembedding similar to that of global cities of the North, following their integration in post-1970 globalization, driven by the incorporation of their economic elites into new globalized spaces of accumulation ? This article refutes the thesis of “disembedding from above“ in the case of Mexico City and Lagos. The relative disembedding of the two (ex-)capitals occurred “from below“, given that it was driven by urban popular sectors rather than economic elites, through two mechanisms : the reterritorialization of popular politics and the weakening of the clientelist ties that linked it to the state. We thus return to the Weberian ideal-type of the plebeian city and examine the modalities of this new incarnation.