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En avril 1989, une crise diplomatique et humanitaire de grande ampleur éclate entre le Sénégal et la Mauritanie. Elle provoque alors de meurtriers affrontements intercommunautaires et des déplacements massifs de populations de part et d’autre de la frontière entre les deux pays. Le rôle joué par les médias en général, la radio en particulier, dans le surgissement et l’amplification des violences, constitue une des grandes variables de cette crise diplomatique aux relents identitaires et politiques très ancrés dans l’histoire précoloniale, coloniale et post-indépendance des deux voisins. L’instrumentalisation de la radio par les pouvoirs en place n’a-t-elle pas exacerbé les nombreux différends opposant mauritaniens et sénégalais au point d’aboutir à un passif humanitaire non encore soldé à ce jour ? Au-delà de cette problématique, se dévoilent surtout à travers cette crise des enjeux politiques et historiques en rapport avec la question de la viabilité et la solidité des projets d’État-nation mis en place au moment des indépendances.

In April 1989, a major diplomatic and humanitarian crisis broke out between neighboring Senegal and Mauritania. It then provoked deadly inter-community clashes and massive displacements of populations on both sides of the border. The role played by the media in general, the radio in particular, in the outbreak and the amplification of violence, constituted one of the great variables of this diplomatic crisis which also laid bare a very deep identity and political problem. The instrumentalization of the radio by both governments seemed to have exacerbated the many grudges and disputes between Mauritanians and Senegalese to the point of leading to a full-blown humanitarian crisis not yet settled to date. Indeed, this unprecedented crisis has revealed political and historical issues that are closely related to the question of the viability and solidity of the nation-state projects put in place since the independence of these countries.