L'émergence d'une critique artistique : la danse hip-hop
Shapiro, Roberta
L'émergence d'une critique artistique : la danse hip-hop - 2004.
18
RésuméL’analyse de corpus d’articles parus de 1987 à 2001 montre que deux grands quotidiens nationaux, Le Monde et Libération, accordent une place non négligeable à la danse hip-hop. Au cours de la période, les rédacteurs se dégagent progressivement d’une description en termes d’animation culturelle au bénéfice d’une approche en termes artistiques, délaissant du coup le portrait socio-démographique des producteurs pour la qualification esthétique de leurs œuvres. Ils qualifient de « courant de la danse contemporaine » ce qui a longtemps été perçu comme un jeu d’adolescents destiné à passer de mode. Mais il ne s’agit pas seulement de labellisation : la requalification artistique opéré par le discours journalistique a accompagné un long travail de transformation concrète de l’activité elle-même, engagée dans les années 1980, et qui est l’œuvre d’une pluralité d’acteurs : danseurs hip-hop, travailleurs sociaux, administrateurs et artistes du monde du spectacle vivant, agents de la puissance publique. En en faisant ensuite un objet de compte-rendu digne de la curiosité publique, en la qualifiant de danse, les critiques contribuent à faire connaître le hip-hop bien au-delà du cercle des premiers pratiquants. En définissant les producteurs et leurs œuvres en référence à une filiation esthético-historique, en en faisant la théorie, le discours critique influence et oriente en retour les actions des personnes évaluées, les désigne comme dignes du soutien des financeurs et contribue à former un public. Mais il témoigne également des limites de la reconnaissance qu’on veut bien accorder à une expression portée principalement par les enfants de l’immigration. But is it Art? Breakdancing in the French PressAn analysis of articles published between 1987 and 2001 in Le Monde and Libération reveals the substantial amount of coverage given to breakdancing by these major newspapers. Journalists started by describing breakdancing as a medium for social action, but now tend to qualify it in artistic terms, thus abandoning the social and demographic characterisations of those who practise it in favour of an aesthetical discurse about their works. What used to be seen as a fleeting teenage pastime is now considered to be « a new trend in modern dance ». This is not a simple case of labelling. In redefining break dancing as an art form, journalistic discurse actually paralleled a process of change that has been underway since circa 1982. Indeed, a variety of actors (such as break dancers, social workers and educators, managerial and artistic personnel in the performing arts, public officers for government funding) have brought about numerous changes in the content of « street dance » and the ways it is performed. In then construing it as an object of critical discourse, worthy of the public’s attention, by describing it as dance and as art, journalists have contributed to diffusing break dance far beyond the small circle of its first constituents. By inscribing these artists and their works in an aesthetical and historical trajectory, by elaborating theories, critical discurse in turn influences and directs the actions of the people it evaluates ; it defines them as worthy of financial support and contributes to the formation of audience. But it also testifies to the limitations of recognition that society will concede to a form of expression that is practised mainly by the descendants of working-class immigrants. La emergencia de una critica artistica : el baile hip-hopEl análisis de artículos publicados entre 1987 y 2001 en 2 famosos períodicos nacionales, dejan un espacio importante al baile hip-hop.A lo largo de ese tiempo, a poco los redactores descri-ben el hip-hop como lugar de acción cultural, a favor de una definición de ese movimiento social en términos artísticos, de resultas dejando el retrato social-demográfico de los productores para la calificación estética de sus obras califican como « movimiento del baile actual » lo que, durante mucho tiempo, se consideró como un juego de adolescentes destinado a pasar de moda. Pero no solo se trata de marca de fábrica : la recalificación artística por el discurso de periodistas acompañó un largo trabajo de transformación concreta de la actividad misma, iniciada en los años 1980, y esa es la obra de una pluralidad de actores : bailadores hip-hop, trabajadores sociales, administradores y artistas del mundo del espectáculo animado, agentes del poder público. A lo siguiente, tenemos un informe para satisfecer la curiosidad pública, calificándolo de baile, los críticos participan a la fama del hip-hop, más allá del círculo de los primeros aficionados. Al definir los productores y sus obras con referencia a una filiación estético-histórica, elaborando la teoria, el discurso crítico ejerce influencia y dirige las acciones de las personas estimadas, las señala como merecedores del apoyo de los financeros y favorece la creación de un público. Pero también manifiesta los límites del reconocimiento que se quiere atribuir a una forma de expresión principalmente vivida por los niños de la inmigración.
L'émergence d'une critique artistique : la danse hip-hop - 2004.
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RésuméL’analyse de corpus d’articles parus de 1987 à 2001 montre que deux grands quotidiens nationaux, Le Monde et Libération, accordent une place non négligeable à la danse hip-hop. Au cours de la période, les rédacteurs se dégagent progressivement d’une description en termes d’animation culturelle au bénéfice d’une approche en termes artistiques, délaissant du coup le portrait socio-démographique des producteurs pour la qualification esthétique de leurs œuvres. Ils qualifient de « courant de la danse contemporaine » ce qui a longtemps été perçu comme un jeu d’adolescents destiné à passer de mode. Mais il ne s’agit pas seulement de labellisation : la requalification artistique opéré par le discours journalistique a accompagné un long travail de transformation concrète de l’activité elle-même, engagée dans les années 1980, et qui est l’œuvre d’une pluralité d’acteurs : danseurs hip-hop, travailleurs sociaux, administrateurs et artistes du monde du spectacle vivant, agents de la puissance publique. En en faisant ensuite un objet de compte-rendu digne de la curiosité publique, en la qualifiant de danse, les critiques contribuent à faire connaître le hip-hop bien au-delà du cercle des premiers pratiquants. En définissant les producteurs et leurs œuvres en référence à une filiation esthético-historique, en en faisant la théorie, le discours critique influence et oriente en retour les actions des personnes évaluées, les désigne comme dignes du soutien des financeurs et contribue à former un public. Mais il témoigne également des limites de la reconnaissance qu’on veut bien accorder à une expression portée principalement par les enfants de l’immigration. But is it Art? Breakdancing in the French PressAn analysis of articles published between 1987 and 2001 in Le Monde and Libération reveals the substantial amount of coverage given to breakdancing by these major newspapers. Journalists started by describing breakdancing as a medium for social action, but now tend to qualify it in artistic terms, thus abandoning the social and demographic characterisations of those who practise it in favour of an aesthetical discurse about their works. What used to be seen as a fleeting teenage pastime is now considered to be « a new trend in modern dance ». This is not a simple case of labelling. In redefining break dancing as an art form, journalistic discurse actually paralleled a process of change that has been underway since circa 1982. Indeed, a variety of actors (such as break dancers, social workers and educators, managerial and artistic personnel in the performing arts, public officers for government funding) have brought about numerous changes in the content of « street dance » and the ways it is performed. In then construing it as an object of critical discourse, worthy of the public’s attention, by describing it as dance and as art, journalists have contributed to diffusing break dance far beyond the small circle of its first constituents. By inscribing these artists and their works in an aesthetical and historical trajectory, by elaborating theories, critical discurse in turn influences and directs the actions of the people it evaluates ; it defines them as worthy of financial support and contributes to the formation of audience. But it also testifies to the limitations of recognition that society will concede to a form of expression that is practised mainly by the descendants of working-class immigrants. La emergencia de una critica artistica : el baile hip-hopEl análisis de artículos publicados entre 1987 y 2001 en 2 famosos períodicos nacionales, dejan un espacio importante al baile hip-hop.A lo largo de ese tiempo, a poco los redactores descri-ben el hip-hop como lugar de acción cultural, a favor de una definición de ese movimiento social en términos artísticos, de resultas dejando el retrato social-demográfico de los productores para la calificación estética de sus obras califican como « movimiento del baile actual » lo que, durante mucho tiempo, se consideró como un juego de adolescentes destinado a pasar de moda. Pero no solo se trata de marca de fábrica : la recalificación artística por el discurso de periodistas acompañó un largo trabajo de transformación concreta de la actividad misma, iniciada en los años 1980, y esa es la obra de una pluralidad de actores : bailadores hip-hop, trabajadores sociales, administradores y artistas del mundo del espectáculo animado, agentes del poder público. A lo siguiente, tenemos un informe para satisfecer la curiosidad pública, calificándolo de baile, los críticos participan a la fama del hip-hop, más allá del círculo de los primeros aficionados. Al definir los productores y sus obras con referencia a una filiación estético-histórica, elaborando la teoria, el discurso crítico ejerce influencia y dirige las acciones de las personas estimadas, las señala como merecedores del apoyo de los financeros y favorece la creación de un público. Pero también manifiesta los límites del reconocimiento que se quiere atribuir a una forma de expresión principalmente vivida por los niños de la inmigración.
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