Les curiosités animales de l’art contemporain
Voison, Catherine
Les curiosités animales de l’art contemporain - 2015.
39
L’art contemporain présente d’étranges entités animales qui ont un point commun avec les animalia et les mirabilia des cabinets de curiosités européens des xvie et xviie siècles : leur statut d’objets d’exposition ou de collection destinés à d’éventuels acheteurs. Mais l’abrégé contemporain de ce nouvel univers zoologique reconfiguré par les artistes ne se nourrit pas des mythes du passé, il s’inspire ou expérimente des pratiques techno-biologiques réalisées en laboratoire. À ce titre, les chimères vivantes qui sortent des laboratoires renversent les systèmes de classification du vivant et brouillent radicalement les frontières entre les espèces, anticipant nos rapports à de nouvelles altérités. Il en va ainsi des chimères de laboratoire incarnées par la lapine fluorescente Alba d’Eduardo Kac, les grenouilles au corps translucide de Brandon Ballangée ou des papillons re-naturés de Marta de Menezes. D’autres artistes mettent en scène des animaux de laboratoire victimes des pratiques de clonage ou de transgenèse (Marion Laval et Benoît Mangin, Katy High). Pour sa part, Thomas Grünfeld détourne cette production tératologique en réalisant une serie de Misfits incarnés par d’étranges et sympathiques hybrides taxidermisés. Les bioartistes, fascinés par la fabrique du vivant interviennent in vivo, au cœur même de la cellule animale et des mécanismes qui l’animent. En expérimentant le potentiel technique de la biologie contemporaine, ils en interrogent ses limites. D’autres artistes mettent en spectacle ces mirabilia biologico-futuristes pour souligner les dérives d’une société en proie à un nouveau mode de vie dicté par la reprogrammation technique du vivant. Nous montrerons que cette fabrique d’un monde animal sur mesure tend à la fois à accentuer notre relation mortifère à l’animal et à domestiquer les chimères que la science incarne.
Les curiosités animales de l’art contemporain - 2015.
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L’art contemporain présente d’étranges entités animales qui ont un point commun avec les animalia et les mirabilia des cabinets de curiosités européens des xvie et xviie siècles : leur statut d’objets d’exposition ou de collection destinés à d’éventuels acheteurs. Mais l’abrégé contemporain de ce nouvel univers zoologique reconfiguré par les artistes ne se nourrit pas des mythes du passé, il s’inspire ou expérimente des pratiques techno-biologiques réalisées en laboratoire. À ce titre, les chimères vivantes qui sortent des laboratoires renversent les systèmes de classification du vivant et brouillent radicalement les frontières entre les espèces, anticipant nos rapports à de nouvelles altérités. Il en va ainsi des chimères de laboratoire incarnées par la lapine fluorescente Alba d’Eduardo Kac, les grenouilles au corps translucide de Brandon Ballangée ou des papillons re-naturés de Marta de Menezes. D’autres artistes mettent en scène des animaux de laboratoire victimes des pratiques de clonage ou de transgenèse (Marion Laval et Benoît Mangin, Katy High). Pour sa part, Thomas Grünfeld détourne cette production tératologique en réalisant une serie de Misfits incarnés par d’étranges et sympathiques hybrides taxidermisés. Les bioartistes, fascinés par la fabrique du vivant interviennent in vivo, au cœur même de la cellule animale et des mécanismes qui l’animent. En expérimentant le potentiel technique de la biologie contemporaine, ils en interrogent ses limites. D’autres artistes mettent en spectacle ces mirabilia biologico-futuristes pour souligner les dérives d’une société en proie à un nouveau mode de vie dicté par la reprogrammation technique du vivant. Nous montrerons que cette fabrique d’un monde animal sur mesure tend à la fois à accentuer notre relation mortifère à l’animal et à domestiquer les chimères que la science incarne.
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