Durée et conditions de retour à l'emploi des mères après une naissance
Pailhé, Ariane
Durée et conditions de retour à l'emploi des mères après une naissance - 2012.
77
Les trajectoires professionnelles des mères restent bien plus discontinues que celles des pères. En France, la participation au marché du travail des mères, y compris de jeunes enfants, est élevée et ne cesse d’augmenter, mais cette progression est à relativiser. Elle tient surtout à l’augmentation du travail à temps partiel dans les années 1990. De plus, la généralisation aux mères de deux enfants de l’allocation parentale d’éducation en 1994 a provoqué un fléchissement des taux d’activité féminine, traduisant les difficultés à concilier emploi et vie de famille. Aussi, cet article s’intéresse aux naissances comme un élément déclencheur de transitions professionnelles, et décrit la dynamique et les modalités de retour à l’emploi des femmes après une naissance. À partir des données de l’enquête Familles et employeurs (Ined, 2004-2005) et de l’estimation de modèles de durées sur les retours à l’emploi selon le rang de naissance, il montre que les interruptions d’activité pour s’occuper des enfants augmentent et s’allongent au fil des naissances, en fonction de l’attachement au travail et du degré d’employabilité. Le niveau d’instruction et la situation professionnelle occupée avant l’arrivée de l’enfant sont ainsi des éléments déterminants de la durée d’interruption et leur rôle augmente avec le rang de naissance. Plus la femme est éloignée de la norme de l’emploi standard à temps plein avant la naissance, plus elle risque de connaître une longue période d’inactivité, suivie d’un parcours professionnel précaire ou haché après la naissance. L’origine culturelle et sociale conditionne surtout la trajectoire après la première naissance. La reprise d’un emploi à temps partiel progresse beaucoup au fil des naissances et dépend, en grande partie, des conditions du dernier emploi. Elle est plus fréquente pour les salariées du secteur public. Au final, cet article montre que les parcours professionnels des femmes dépendent plus des conditions d’articulation entre vie familiale et vie professionnelle que du coût d’opportunité des interruptions. Ce résultat prône en faveur de politiques publiques aidant à concilier emploi et vie familiale, plutôt que pour des mesures excluant les femmes du marché du travail, d’autant qu’à terme, ces interruptions pénalisent les retraites futures des femmes. Length of career breaks and terms on which mothers return to work after the birth of children The occupational trajectories of mothers remain far more discontinuous than those of fathers. In France, the workforce participation of mothers, including mothers of young children, is high and continuously rising. However, that rise needs to be put into perspective. It mainly represents an increase in part-time work in the 1990s. Moreover, the extension of the allocation parentale d’éducation (a monthly benefit for parents who stop working to take care of young children) to mothers of two children in 1994 caused a decline in female workforce participation, highlighting difficulties balancing work and family. This article looks at the birth of children as the trigger for occupational transitions, and describes the trend and conditions of women’s return to work after the birth of a child. Using data from the Families and Employers survey (INED 2004-2005) and the model’s estimate of the impact of length of career break on propensity to return to work by number of children, it shows that career breaks to take care of children become more frequent and longer after the birth of each sub-sequent child, depending on a woman’s attachment to work and employability. A woman’s educational level and occupational status before the birth are determinant factors in the length of the career break and their role increases with birth order. The farther a woman is from the norm of a standard full-time job before the birth, the more likely she is to experience a long period of economic inactivity, followed by a precarious or choppy occupational trajectory after the birth. A woman’s occupational trajectory after the birth of a first child is mainly conditioned by her cultural and social background. Returning to employment on a part-time basis increases substantially with the number of children and depends strongly on the conditions of the last-held job. Part-time employment is more frequent among public-sector employees. This article shows that women’s occupational pathways depend more on achieving a work/family balance than on the opportunity cost of career breaks. That finding argues for public policies to facilitate the work/life balance rather than for measures that exclude women from the workforce, especially as career breaks ultimately have a negative impact on women’s pensions.
Durée et conditions de retour à l'emploi des mères après une naissance - 2012.
77
Les trajectoires professionnelles des mères restent bien plus discontinues que celles des pères. En France, la participation au marché du travail des mères, y compris de jeunes enfants, est élevée et ne cesse d’augmenter, mais cette progression est à relativiser. Elle tient surtout à l’augmentation du travail à temps partiel dans les années 1990. De plus, la généralisation aux mères de deux enfants de l’allocation parentale d’éducation en 1994 a provoqué un fléchissement des taux d’activité féminine, traduisant les difficultés à concilier emploi et vie de famille. Aussi, cet article s’intéresse aux naissances comme un élément déclencheur de transitions professionnelles, et décrit la dynamique et les modalités de retour à l’emploi des femmes après une naissance. À partir des données de l’enquête Familles et employeurs (Ined, 2004-2005) et de l’estimation de modèles de durées sur les retours à l’emploi selon le rang de naissance, il montre que les interruptions d’activité pour s’occuper des enfants augmentent et s’allongent au fil des naissances, en fonction de l’attachement au travail et du degré d’employabilité. Le niveau d’instruction et la situation professionnelle occupée avant l’arrivée de l’enfant sont ainsi des éléments déterminants de la durée d’interruption et leur rôle augmente avec le rang de naissance. Plus la femme est éloignée de la norme de l’emploi standard à temps plein avant la naissance, plus elle risque de connaître une longue période d’inactivité, suivie d’un parcours professionnel précaire ou haché après la naissance. L’origine culturelle et sociale conditionne surtout la trajectoire après la première naissance. La reprise d’un emploi à temps partiel progresse beaucoup au fil des naissances et dépend, en grande partie, des conditions du dernier emploi. Elle est plus fréquente pour les salariées du secteur public. Au final, cet article montre que les parcours professionnels des femmes dépendent plus des conditions d’articulation entre vie familiale et vie professionnelle que du coût d’opportunité des interruptions. Ce résultat prône en faveur de politiques publiques aidant à concilier emploi et vie familiale, plutôt que pour des mesures excluant les femmes du marché du travail, d’autant qu’à terme, ces interruptions pénalisent les retraites futures des femmes. Length of career breaks and terms on which mothers return to work after the birth of children The occupational trajectories of mothers remain far more discontinuous than those of fathers. In France, the workforce participation of mothers, including mothers of young children, is high and continuously rising. However, that rise needs to be put into perspective. It mainly represents an increase in part-time work in the 1990s. Moreover, the extension of the allocation parentale d’éducation (a monthly benefit for parents who stop working to take care of young children) to mothers of two children in 1994 caused a decline in female workforce participation, highlighting difficulties balancing work and family. This article looks at the birth of children as the trigger for occupational transitions, and describes the trend and conditions of women’s return to work after the birth of a child. Using data from the Families and Employers survey (INED 2004-2005) and the model’s estimate of the impact of length of career break on propensity to return to work by number of children, it shows that career breaks to take care of children become more frequent and longer after the birth of each sub-sequent child, depending on a woman’s attachment to work and employability. A woman’s educational level and occupational status before the birth are determinant factors in the length of the career break and their role increases with birth order. The farther a woman is from the norm of a standard full-time job before the birth, the more likely she is to experience a long period of economic inactivity, followed by a precarious or choppy occupational trajectory after the birth. A woman’s occupational trajectory after the birth of a first child is mainly conditioned by her cultural and social background. Returning to employment on a part-time basis increases substantially with the number of children and depends strongly on the conditions of the last-held job. Part-time employment is more frequent among public-sector employees. This article shows that women’s occupational pathways depend more on achieving a work/family balance than on the opportunity cost of career breaks. That finding argues for public policies to facilitate the work/life balance rather than for measures that exclude women from the workforce, especially as career breaks ultimately have a negative impact on women’s pensions.
Réseaux sociaux