Pour une esthétique de la production : Croce et la contingence de l’art
Viglialoro, Luca
Pour une esthétique de la production : Croce et la contingence de l’art - 2024.
22
Croce’s aesthetics has often been read as a philosophy of aesthetic consciousness, which presupposes a strict distinction between artist and work, between the knowing subject and artistic expression. In this vein, the work of art would be a faithful translation of the artist’s thoughts. The pages that Adorno dedicates, in his Aesthetic Theory, to Croce seem to refer to this line of interpretation. In this essay, we would like to investigate another possible reading of Croce’s reflection on art based on an aesthetics of production in order to highlight how every artistic procedure, for Croce, is essentially unstable and founded on a close engagement with materials. Between artist and work, therefore, what is at stake is not a linear relationship, but a kind of tension that art, at various levels, materialises. L’esthétique de Croce a souvent été lue comme une philosophie de la conscience esthétique, qui présuppose une distinction stricte entre l’artiste et l’œuvre, entre le sujet connaissant et l’expression artistique. Dans cette optique, l’œuvre serait une traduction fidèle de la pensée de l’artiste. Les pages qu’Adorno consacre à Croce dans sa Théorie esthétique semblent en quelque sorte se référer à cette ligne d’interprétation. Dans cet essai, nous voudrions examiner une autre lecture possible de la réflexion de Croce sur l’art à partir d’une esthétique de la production, pour mettre en évidence le fait que pour lui toute procédure artistique est essentiellement instable et fondée sur un corps à corps avec les matériaux. Entre l’artiste et l’œuvre, il n’y aurait donc pas de relation linéaire, mais plutôt une sorte de tension que l’art, à différents niveaux, matérialise.
Pour une esthétique de la production : Croce et la contingence de l’art - 2024.
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Croce’s aesthetics has often been read as a philosophy of aesthetic consciousness, which presupposes a strict distinction between artist and work, between the knowing subject and artistic expression. In this vein, the work of art would be a faithful translation of the artist’s thoughts. The pages that Adorno dedicates, in his Aesthetic Theory, to Croce seem to refer to this line of interpretation. In this essay, we would like to investigate another possible reading of Croce’s reflection on art based on an aesthetics of production in order to highlight how every artistic procedure, for Croce, is essentially unstable and founded on a close engagement with materials. Between artist and work, therefore, what is at stake is not a linear relationship, but a kind of tension that art, at various levels, materialises. L’esthétique de Croce a souvent été lue comme une philosophie de la conscience esthétique, qui présuppose une distinction stricte entre l’artiste et l’œuvre, entre le sujet connaissant et l’expression artistique. Dans cette optique, l’œuvre serait une traduction fidèle de la pensée de l’artiste. Les pages qu’Adorno consacre à Croce dans sa Théorie esthétique semblent en quelque sorte se référer à cette ligne d’interprétation. Dans cet essai, nous voudrions examiner une autre lecture possible de la réflexion de Croce sur l’art à partir d’une esthétique de la production, pour mettre en évidence le fait que pour lui toute procédure artistique est essentiellement instable et fondée sur un corps à corps avec les matériaux. Entre l’artiste et l’œuvre, il n’y aurait donc pas de relation linéaire, mais plutôt une sorte de tension que l’art, à différents niveaux, matérialise.
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