Nouvelles exigences dans les emplois d'exécution des Services publics
Cartier, Marie
Nouvelles exigences dans les emplois d'exécution des Services publics - 2001.
42
RésuméEn s’appuyant sur l’observation directe et complète des épreuves orales d’un concours de facteur organisé en région parisienne en mai 2000, on montre que les discours et techniques d’évaluation caractéristiques du management des années 1990, contribuent, sous couvert de « modernisation », dans le public comme dans le privé, à accroître les exigences auxquelles sont soumis les salariés d’exécution : hexis dynamique et agréable, adaptabilité, identification à l’entreprise, motivation, enthousiasme pour les activités commerciales. Les cadres de la Poste en posant pendant trente minutes aux candidats des questions relativement éloignées des contraintes réelles de l’emploi (qui consiste principalement à trier et à transporter du courrier), cherchent à anticiper leur conformité au nouvel esprit de la Poste. Si globalement, l’épreuve orale n’engendre pas de renforcement de la sélectivité du concours, elle contribue pourtant à disqualifier d’anciens ouvriers en quête d’un emploi stable. L’usure physique et morale, l’embarras généré par la situation d’entretien avec des cadres, les dévalorisent, alors qu’ils se trouvent implicitement comparés aux candidat(e)s étudiant(e)s dont les ressources culturelles valent comme des gages de docilité et de mobilité. On the basis of direct observation of the entire oral portion of the competitive examination for postmen organised in the Paris region in May 2000, the author shows that the discourse and assessment techniques used by management in the 1990s are helping (under the guise of “modernisation”) to raise the requirements for positions as operators both in the public and private sectors. Candidates must now be dynamic, pleasant, adaptable, identify with the firm, highly motivated and show enthusiasm for sales activities. By questioning candidates for thirty minutes on topics relatively removed from the actual constraints of the job (which consists mainly in sorting and transporting mail), the managers at the French Post Office attempt to gauge their degree of compliance with the new La Poste spirit. Although the oral portion of the examination does not make the overall process more competitive, it does tend to disqualify former workers seeking stable employment. The physical and psychological wear and the awkwardness generated by an interview with a manager undermines their status, and they find themselves implicitly being compared to student applicants whose cultural resources are presumed to guarantee their docility and mobility.
Nouvelles exigences dans les emplois d'exécution des Services publics - 2001.
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RésuméEn s’appuyant sur l’observation directe et complète des épreuves orales d’un concours de facteur organisé en région parisienne en mai 2000, on montre que les discours et techniques d’évaluation caractéristiques du management des années 1990, contribuent, sous couvert de « modernisation », dans le public comme dans le privé, à accroître les exigences auxquelles sont soumis les salariés d’exécution : hexis dynamique et agréable, adaptabilité, identification à l’entreprise, motivation, enthousiasme pour les activités commerciales. Les cadres de la Poste en posant pendant trente minutes aux candidats des questions relativement éloignées des contraintes réelles de l’emploi (qui consiste principalement à trier et à transporter du courrier), cherchent à anticiper leur conformité au nouvel esprit de la Poste. Si globalement, l’épreuve orale n’engendre pas de renforcement de la sélectivité du concours, elle contribue pourtant à disqualifier d’anciens ouvriers en quête d’un emploi stable. L’usure physique et morale, l’embarras généré par la situation d’entretien avec des cadres, les dévalorisent, alors qu’ils se trouvent implicitement comparés aux candidat(e)s étudiant(e)s dont les ressources culturelles valent comme des gages de docilité et de mobilité. On the basis of direct observation of the entire oral portion of the competitive examination for postmen organised in the Paris region in May 2000, the author shows that the discourse and assessment techniques used by management in the 1990s are helping (under the guise of “modernisation”) to raise the requirements for positions as operators both in the public and private sectors. Candidates must now be dynamic, pleasant, adaptable, identify with the firm, highly motivated and show enthusiasm for sales activities. By questioning candidates for thirty minutes on topics relatively removed from the actual constraints of the job (which consists mainly in sorting and transporting mail), the managers at the French Post Office attempt to gauge their degree of compliance with the new La Poste spirit. Although the oral portion of the examination does not make the overall process more competitive, it does tend to disqualify former workers seeking stable employment. The physical and psychological wear and the awkwardness generated by an interview with a manager undermines their status, and they find themselves implicitly being compared to student applicants whose cultural resources are presumed to guarantee their docility and mobility.
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