La Violence dans les Illustres françaises de Robert Challe (1713)
Francalanza, Éric
La Violence dans les Illustres françaises de Robert Challe (1713) - 2001.
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Si, en effet, le roman des années 1690-1720 permet « une approche au moins de la notion d’inconscient » (R. Demoris), la violence dont pétries les sept histoires d’amour des Illustres françaises de Robert Challe (1713) interroge l’ordre que cherche à constituer la société des douze amis et que le mariage est censé consacrer. Ce roman de la sociabilité repose sur un fond archaïque qui peint la lutte des désirs et de l’ordre social représenté par les pères et les mères. Plus précisément, cet ordre qui, selon la leçon de Hobbes, s’érige sur les ruines d’une violence, crée lui-même le désordre. Les victimes sont des êtres que leur faiblesse morale, sociale ou sentimentale, fragilise, et désigne fatalement comme telles. À rebours, la violence que certains personnages découvrent en eux les porte à une connaissance de soi si stupéfiante qu’ils en retournent parfois cette violence contre eux-mêmes, et de bourreau d’autrui deviennent bourreaux d’eux-mêmes. C’est toute l’ambiguïté de la violence, sa réversibilité, que nous décrit le roman. Mais surtout, en permettant d’entrer sinon dans un « inconscient » des personnages qui ne sont que de papier, du moins dans une analyse des schèmes qui président à leurs relations, la thématique de la violence met en cause le roman de la sociabilité et invite à une réflexion sur la dialectique induite par le couple de la sociabilité et de la violence. À cet égard, l’histoire du libertin Dupuis pose d’éminentes questions sur le rôle du discours : constituant de la sociabilité ou simple manteau du désordre?... Ce premier examen de la violence dans le roman de Challe montre à l’évidence la richesse de cette approche et la justifie: elle suggère d’autres réflexions qui, en embrassant l’ensemble de l’œuvre, approfondiraient in fine la question de l’illusion. The violence in the Illustres françaises by Robert Challe (1713) If the 1690-1720 novel allows «at least an approach of the unconscious meaning» (R. Demoris), the violence inherent in the seven romances of the Illustres françaises by Robert Challe (1713) questions the order, supposed to be built by the association of twelve friends and the subsequent weddings. This novel of sociability lies on an archaic layer that depicts the desires and social struggle represented by fathers and mothers. This social order, more precisely and according to Hobbles demonstration, establishes itself on the ruins of a violence, creates disorder by itself. The victims are characters whose moral, social and sentimental frailty easily weakens and they are pointed out as such.The violence some of the characters discover within themselves introduces them to getting to know themselves in such a way that they might even turn it backwards on them, from torturer to being their own torturer.There lies the ambiguity of violence, its reversibility told in the novel. But above all, while allowing entrance if not in an “unconscious” of the paper characters, at least in an analysis of the patterns presiding their relationships. The topic of violence is related to the novel of the sociability and leads to a thorough questioning on dialectics induced by the coupling of sociability and violence. In this respect, the story of the libertine Dupuis asks the part played by speech : component of sociability or plain coat of disorder ?... This first scrutinizing of violence in Challe’s novel demonstrates, no doubt, the richness of the approach and in doing so justifies it : it suggests other avenues which would dig deep into the concept of illusion while covering the whole work.
La Violence dans les Illustres françaises de Robert Challe (1713) - 2001.
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Si, en effet, le roman des années 1690-1720 permet « une approche au moins de la notion d’inconscient » (R. Demoris), la violence dont pétries les sept histoires d’amour des Illustres françaises de Robert Challe (1713) interroge l’ordre que cherche à constituer la société des douze amis et que le mariage est censé consacrer. Ce roman de la sociabilité repose sur un fond archaïque qui peint la lutte des désirs et de l’ordre social représenté par les pères et les mères. Plus précisément, cet ordre qui, selon la leçon de Hobbes, s’érige sur les ruines d’une violence, crée lui-même le désordre. Les victimes sont des êtres que leur faiblesse morale, sociale ou sentimentale, fragilise, et désigne fatalement comme telles. À rebours, la violence que certains personnages découvrent en eux les porte à une connaissance de soi si stupéfiante qu’ils en retournent parfois cette violence contre eux-mêmes, et de bourreau d’autrui deviennent bourreaux d’eux-mêmes. C’est toute l’ambiguïté de la violence, sa réversibilité, que nous décrit le roman. Mais surtout, en permettant d’entrer sinon dans un « inconscient » des personnages qui ne sont que de papier, du moins dans une analyse des schèmes qui président à leurs relations, la thématique de la violence met en cause le roman de la sociabilité et invite à une réflexion sur la dialectique induite par le couple de la sociabilité et de la violence. À cet égard, l’histoire du libertin Dupuis pose d’éminentes questions sur le rôle du discours : constituant de la sociabilité ou simple manteau du désordre?... Ce premier examen de la violence dans le roman de Challe montre à l’évidence la richesse de cette approche et la justifie: elle suggère d’autres réflexions qui, en embrassant l’ensemble de l’œuvre, approfondiraient in fine la question de l’illusion. The violence in the Illustres françaises by Robert Challe (1713) If the 1690-1720 novel allows «at least an approach of the unconscious meaning» (R. Demoris), the violence inherent in the seven romances of the Illustres françaises by Robert Challe (1713) questions the order, supposed to be built by the association of twelve friends and the subsequent weddings. This novel of sociability lies on an archaic layer that depicts the desires and social struggle represented by fathers and mothers. This social order, more precisely and according to Hobbles demonstration, establishes itself on the ruins of a violence, creates disorder by itself. The victims are characters whose moral, social and sentimental frailty easily weakens and they are pointed out as such.The violence some of the characters discover within themselves introduces them to getting to know themselves in such a way that they might even turn it backwards on them, from torturer to being their own torturer.There lies the ambiguity of violence, its reversibility told in the novel. But above all, while allowing entrance if not in an “unconscious” of the paper characters, at least in an analysis of the patterns presiding their relationships. The topic of violence is related to the novel of the sociability and leads to a thorough questioning on dialectics induced by the coupling of sociability and violence. In this respect, the story of the libertine Dupuis asks the part played by speech : component of sociability or plain coat of disorder ?... This first scrutinizing of violence in Challe’s novel demonstrates, no doubt, the richness of the approach and in doing so justifies it : it suggests other avenues which would dig deep into the concept of illusion while covering the whole work.
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