Pour en finir avec la réalité unilinéaire
Fabiani, Jean-Louis
Pour en finir avec la réalité unilinéaire - 2003.
35
La lecture des travaux récents de Andrew Abbott, particulièrement l’ouvrage Time Matters (2001), permet de s’interroger sur l’état et la prospective de la méthodologie en sciences sociales : à la « routinisation » constatée de l’analyse de causalité, fondée sur l’examen des relations de dépendance entre variables et porteuse d’illusions sur les modes de structuration du social, le sociologue de Chicago oppose des méthodologies susceptibles de conserver dans l’analyse la dimension contextuelle, à la fois spatiale et temporelle, des unités prélevées sur le cours historique du monde. En fondant le travail sur la recherche de séquences, on ne traite plus les faits sociaux comme des choses mais comme des procès. On peut alors s’interroger sur la possibilité d’une modélisation qui respecterait toutes les spécificités de la nature interprétative des sciences historiques : pour l’instant, cette question relève plus de la prospective que de l’expérimentation. Getting rid of unilinear reality: Andrew Abbott’s methodological itinerary Drawing on Abbott’s recent work, particularly Time Matters (2001), this essay questions the current and prospective state of methodology in the social sciences: stating the “routinization” of causal analysis, grounded on the study of dependency between variables and leading to illusions concerning social structuration, the Chicago sociologist brings in methodologies liable to analyze the contextual (spatial and temporal) dimension of units taken from the historical course of the world. By grounding sociological work on sequence research, one does not study social facts as things any more, but as processes. It is thus possible to ask for models which would respect the interpretative nature of social sciences: for now, this question belongs more to prospective discourse than to experimentation.
Pour en finir avec la réalité unilinéaire - 2003.
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La lecture des travaux récents de Andrew Abbott, particulièrement l’ouvrage Time Matters (2001), permet de s’interroger sur l’état et la prospective de la méthodologie en sciences sociales : à la « routinisation » constatée de l’analyse de causalité, fondée sur l’examen des relations de dépendance entre variables et porteuse d’illusions sur les modes de structuration du social, le sociologue de Chicago oppose des méthodologies susceptibles de conserver dans l’analyse la dimension contextuelle, à la fois spatiale et temporelle, des unités prélevées sur le cours historique du monde. En fondant le travail sur la recherche de séquences, on ne traite plus les faits sociaux comme des choses mais comme des procès. On peut alors s’interroger sur la possibilité d’une modélisation qui respecterait toutes les spécificités de la nature interprétative des sciences historiques : pour l’instant, cette question relève plus de la prospective que de l’expérimentation. Getting rid of unilinear reality: Andrew Abbott’s methodological itinerary Drawing on Abbott’s recent work, particularly Time Matters (2001), this essay questions the current and prospective state of methodology in the social sciences: stating the “routinization” of causal analysis, grounded on the study of dependency between variables and leading to illusions concerning social structuration, the Chicago sociologist brings in methodologies liable to analyze the contextual (spatial and temporal) dimension of units taken from the historical course of the world. By grounding sociological work on sequence research, one does not study social facts as things any more, but as processes. It is thus possible to ask for models which would respect the interpretative nature of social sciences: for now, this question belongs more to prospective discourse than to experimentation.
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