Traduction et négociation identitaire. Le cas des îles Ioniennes
Leivadiotis, Michail
Traduction et négociation identitaire. Le cas des îles Ioniennes - 2020.
66
Cette étude examine le processus de traduction comme champ où se négocient l’identité du médiateur et le système dans lequel s’inscrit son travail, à savoir la culture-cible. L’accent est mis sur la fonction de la traduction en tant qu’espace privilégié où l’hybridation affecte non seulement le sujet, puisque la traduction est le lieu où s’exercent les tensions nées des fluctuations de l’identité du médiateur, mais aussi, de façon manifeste ou cachée, la langue et la culture-cible, puisqu’elles sont le lieu où aboutit la traduction, dont l’intention est d’amplifier ou même de forcer le système d’accueil. De tels gestes translatifs, audacieux mais rares, qui adoptent en général la méthode de « l’étrangèreté », révèlent des tensions qui résultent d’une crise de l’identité culturelle. Le cas des îles Ioniennes présente ainsi un intérêt multiple : en effet, la production translative que l’on repère dans cette région au xixe siècle reflète le morcellement de l’image de soi d’une culture locale marquée par le cosmopolitisme du passé colonial qu’elle est appelée à abandonner pour s’insérer dans le cadre national de la modernité. L’étude s’appuie sur quelques remarquables gestes translatifs de l’érudition ionienne antérieurs à l’union avec le royaume de Grèce comme sur autant de manifestations de cette fonction identitaire de la traduction. How translation forges/shapes a field of identity negotiation in a culturally and linguistically hybrid area? In this paper, the translative process is viewed under a post-colonial perspective and examined as a constructive mechanism of cosmopolitan cultural identity, involving both private and institutional agency of cross-cultural communication between Italian and Greek poetry in the contact area of the Ionian islands during the 19th century. Poetics, critics and translation became for the Ionian sociocultural system a privileged field of hybridization for the local intellectual milieu. The Ionian case is of relevance for complex reasons: the 19th century Ionian translational production reflects the fragmented self-image of local identity; rootedness has to abandon its colonial past of cosmopolitanism in order to access the national frame of modernity. Two significant gestures are examined as indicative of the implications of translation in identity negotiation: Tasso’s Gerusalemme liberata by Ioulios Typaldos and Foscolo’s Dei Sepolcri by Georgios Kalosgouros.
Traduction et négociation identitaire. Le cas des îles Ioniennes - 2020.
66
Cette étude examine le processus de traduction comme champ où se négocient l’identité du médiateur et le système dans lequel s’inscrit son travail, à savoir la culture-cible. L’accent est mis sur la fonction de la traduction en tant qu’espace privilégié où l’hybridation affecte non seulement le sujet, puisque la traduction est le lieu où s’exercent les tensions nées des fluctuations de l’identité du médiateur, mais aussi, de façon manifeste ou cachée, la langue et la culture-cible, puisqu’elles sont le lieu où aboutit la traduction, dont l’intention est d’amplifier ou même de forcer le système d’accueil. De tels gestes translatifs, audacieux mais rares, qui adoptent en général la méthode de « l’étrangèreté », révèlent des tensions qui résultent d’une crise de l’identité culturelle. Le cas des îles Ioniennes présente ainsi un intérêt multiple : en effet, la production translative que l’on repère dans cette région au xixe siècle reflète le morcellement de l’image de soi d’une culture locale marquée par le cosmopolitisme du passé colonial qu’elle est appelée à abandonner pour s’insérer dans le cadre national de la modernité. L’étude s’appuie sur quelques remarquables gestes translatifs de l’érudition ionienne antérieurs à l’union avec le royaume de Grèce comme sur autant de manifestations de cette fonction identitaire de la traduction. How translation forges/shapes a field of identity negotiation in a culturally and linguistically hybrid area? In this paper, the translative process is viewed under a post-colonial perspective and examined as a constructive mechanism of cosmopolitan cultural identity, involving both private and institutional agency of cross-cultural communication between Italian and Greek poetry in the contact area of the Ionian islands during the 19th century. Poetics, critics and translation became for the Ionian sociocultural system a privileged field of hybridization for the local intellectual milieu. The Ionian case is of relevance for complex reasons: the 19th century Ionian translational production reflects the fragmented self-image of local identity; rootedness has to abandon its colonial past of cosmopolitanism in order to access the national frame of modernity. Two significant gestures are examined as indicative of the implications of translation in identity negotiation: Tasso’s Gerusalemme liberata by Ioulios Typaldos and Foscolo’s Dei Sepolcri by Georgios Kalosgouros.
Réseaux sociaux