Le théâtre est un songe, le pouvoir une fable, la castration une réalité...
Douskos, Dimitra
Le théâtre est un songe, le pouvoir une fable, la castration une réalité... - 2004.
60
Cet article discute le contexte de l’acte d’autocastration pratiqué par un personnage de la pièce de Jean Genet intitulée Le Balcon. Il interroge la rencontre d’un regard captif d’une interminable ambiguïté visuelle avec le monde clos et pervers d’un bordel-théâtre, dans le cadre d’une révolution et ensuite d’une contre-révolution. Le regard devient un fétiche, la seule chose qui tient face à des visions dont le sens s’effondre sans cesse. Quelques données socio-politiques décrivant le milieu de la prostitution nous ont aidé à circonscrire par juxtaposition l’extrême violence relationnelle qui règne dans la pièce. Le geste du personnage qui se châtre en est inséparable. La décomposition du regard dans le monde sans loi de la prostitution qui finit par conquérir le pouvoir entraîne l’auto-émasculation d’un révolutionnaire au moment même où il joue dans le « bordel » le rôle du préfet de la police, celui qui aspire à devenir un symbole phallique absolu en atteignant le comble de la jouissance lorsqu’il regarde quelqu’un l’imiter.Avec le regard défait, on est réduit à essayer de faire le compte de l’indécidable : on ne sait qui est châtré au juste, pourquoi, ni si ce sacrifice a servi à quelque chose et si oui, à quoi. This paper addresses the context surrounding the auto-castration act of a character in Jean Genet’s play The Balcony. It raises the question of the encounter of a gaze captivated in an unending visual ambiguity with the closed and perverse world of a brothel and a theater brought together, in the framework of a revolution and then of a counter revolution. The gaze becomes a fetish, the only thing that holds, when the subject is confronted to visions whose meaning incessantly breaks down. Some socio-political data describing the prostitution milieu, have helped us delineate, by juxtaposition the extreme relational violence that reigns in the play. The gesture of the character who castrates himself is inseparable from this context. The decomposition of the gaze in the lawless world of prostitution finally conquering power entails the auto-emasculation of a revolutionnary at the very moment when he is playing the part of the police officer who aspires at becoming an absolute phallic symbol and who gets the maximum of jouissance when seeing someone trying to imitate him. With our defeated gaze we are reduced to trying to account for the undecidable : we don’t really know who is castrated, why, nor if this sacrifice has had any utility, and if so, which one.
Le théâtre est un songe, le pouvoir une fable, la castration une réalité... - 2004.
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Cet article discute le contexte de l’acte d’autocastration pratiqué par un personnage de la pièce de Jean Genet intitulée Le Balcon. Il interroge la rencontre d’un regard captif d’une interminable ambiguïté visuelle avec le monde clos et pervers d’un bordel-théâtre, dans le cadre d’une révolution et ensuite d’une contre-révolution. Le regard devient un fétiche, la seule chose qui tient face à des visions dont le sens s’effondre sans cesse. Quelques données socio-politiques décrivant le milieu de la prostitution nous ont aidé à circonscrire par juxtaposition l’extrême violence relationnelle qui règne dans la pièce. Le geste du personnage qui se châtre en est inséparable. La décomposition du regard dans le monde sans loi de la prostitution qui finit par conquérir le pouvoir entraîne l’auto-émasculation d’un révolutionnaire au moment même où il joue dans le « bordel » le rôle du préfet de la police, celui qui aspire à devenir un symbole phallique absolu en atteignant le comble de la jouissance lorsqu’il regarde quelqu’un l’imiter.Avec le regard défait, on est réduit à essayer de faire le compte de l’indécidable : on ne sait qui est châtré au juste, pourquoi, ni si ce sacrifice a servi à quelque chose et si oui, à quoi. This paper addresses the context surrounding the auto-castration act of a character in Jean Genet’s play The Balcony. It raises the question of the encounter of a gaze captivated in an unending visual ambiguity with the closed and perverse world of a brothel and a theater brought together, in the framework of a revolution and then of a counter revolution. The gaze becomes a fetish, the only thing that holds, when the subject is confronted to visions whose meaning incessantly breaks down. Some socio-political data describing the prostitution milieu, have helped us delineate, by juxtaposition the extreme relational violence that reigns in the play. The gesture of the character who castrates himself is inseparable from this context. The decomposition of the gaze in the lawless world of prostitution finally conquering power entails the auto-emasculation of a revolutionnary at the very moment when he is playing the part of the police officer who aspires at becoming an absolute phallic symbol and who gets the maximum of jouissance when seeing someone trying to imitate him. With our defeated gaze we are reduced to trying to account for the undecidable : we don’t really know who is castrated, why, nor if this sacrifice has had any utility, and if so, which one.
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