La racine qui se voulait élever plus haut que la corneille : réflexions sur un parallèle
Forment, Lise
La racine qui se voulait élever plus haut que la corneille : réflexions sur un parallèle - 2022.
44
L’article vise à démontrer la productivité théorique de la jalousie pour penser le parallèle Corneille / Racine. La notion et ses diverses espèces, en particulier l’imbrication des scènes d’émulation, font apparaître l’importance des liens dans la poétique racinienne, par opposition au rêve d’autonomie de Corneille. La pièce‑santon de leur compétition, Bérénice, et l’exemple singulier d’Antiochus, adversaire inoffensif de Titus, permettent de soutenir l’hypothèse d’un rapport allégorique ou fantasmatique entre l’univers du théâtre racinien, peuplé de jaloux, et l’obsession qu’a eue l’auteur de lier sa postérité à la gloire de son père – et « frère ennemi ». Irréductible à un motif extralittéraire, résistant tout autant à un fonctionnement purement autoréférentiel, la jalousie interroge nos réflexes critiques et éclaire d’un jour nouveau la genèse et les effets de l’écriture racinienne. This article aims to demonstrate the theoretical effectiveness of jealousy in revisiting the parallel between Racine and Corneille. Jealousy in its various forms, specifically the interweaving of emulatory scenes, reveals the importance of linkage in Racine’s poetics, as opposed to Corneille’s dream of autonomy. Berenice, the epitome of their rivalry, and the particular case of Antiochus, Titus’s harmless adversary, outline an allegorical or phantasmatic relationship between Racine’s theatrical universe, populated by jealous figures, and his obsession with linking his posterity to the glory of his father—and “enemy brother”. Irreducible to an extra-literary device, and equally resistant to a purely self‑referential mechanism, jealousy interrogates our critical reflexes and sheds new light on Racine’s writing.
La racine qui se voulait élever plus haut que la corneille : réflexions sur un parallèle - 2022.
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L’article vise à démontrer la productivité théorique de la jalousie pour penser le parallèle Corneille / Racine. La notion et ses diverses espèces, en particulier l’imbrication des scènes d’émulation, font apparaître l’importance des liens dans la poétique racinienne, par opposition au rêve d’autonomie de Corneille. La pièce‑santon de leur compétition, Bérénice, et l’exemple singulier d’Antiochus, adversaire inoffensif de Titus, permettent de soutenir l’hypothèse d’un rapport allégorique ou fantasmatique entre l’univers du théâtre racinien, peuplé de jaloux, et l’obsession qu’a eue l’auteur de lier sa postérité à la gloire de son père – et « frère ennemi ». Irréductible à un motif extralittéraire, résistant tout autant à un fonctionnement purement autoréférentiel, la jalousie interroge nos réflexes critiques et éclaire d’un jour nouveau la genèse et les effets de l’écriture racinienne. This article aims to demonstrate the theoretical effectiveness of jealousy in revisiting the parallel between Racine and Corneille. Jealousy in its various forms, specifically the interweaving of emulatory scenes, reveals the importance of linkage in Racine’s poetics, as opposed to Corneille’s dream of autonomy. Berenice, the epitome of their rivalry, and the particular case of Antiochus, Titus’s harmless adversary, outline an allegorical or phantasmatic relationship between Racine’s theatrical universe, populated by jealous figures, and his obsession with linking his posterity to the glory of his father—and “enemy brother”. Irreducible to an extra-literary device, and equally resistant to a purely self‑referential mechanism, jealousy interrogates our critical reflexes and sheds new light on Racine’s writing.
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