« Nemo intrat in celum nisi per philosophiam ». Jean Scot Érigène sur la nature et la connaissance humaine
Valsecchi, Alessandro
« Nemo intrat in celum nisi per philosophiam ». Jean Scot Érigène sur la nature et la connaissance humaine - 2024.
25
Cet article approfondit les limites, l’origine et les possibilités de la connaissance humaine à l’intérieur du système philosophique de Jean Scot Érigène. Nous soutenons la thèse suivante : la nature humaine est douée d’une puissance épistémique illimitée, étant capable de comprendre l’existence de Dieu par la seule étude physique, sans s’appuyer forcément sur la révélation écrite. Chez Érigène, la Bible et la cosmologie offrent à l’homme les mêmes données théophaniques. La nature humaine se présente alors comme la racine de la connaissance et de l’être, puisque c’est dans la compréhension par l’homme que les choses trouvent leur véritable substance. Ce cadre se trouve brisé par le péché originel, qui empêche un accès direct à la vérité et oblige l’homme à employer les instruments interprétatifs du monde sensible : la science physique et la science exégétique. Ces deux disciplines obligent les hommes à travailler respectivement l’univers et la sainte Écriture pour en déceler les connaissances cachées. Mais cet effort intellectuel est récompensé. Faisant preuve d’un fort optimisme épistémique, Jean Scot Érigène établit que l’accès aux données sensibles rend la connaissance humaine supérieure à toute autre, permettant ainsi le salut de la nature humaine. Ce n’est que par la philosophie, pratique accessible à tout individu, que l’homme accède à son bonheur final. This article explores the limits, origins and possibilities of human knowledge in the philosophical system of John Scottus Eriugena. Our claim is that human nature is endowed with unlimited epistemic possibilities, being capable of understanding the existence of God through physical study alone, without necessarily relying on written revelation. According to Eriugena, the Bible and cosmology offer man the same theophanic material. Human nature is thus presented as the root of knowledge and being, since it is in human understanding that all things find their true substance. However, this framework is shattered by original sin, which prevents direct access to the truth and forces man to use the interpretative instruments of the sensible world: physical science and exegetical science. These two disciplines oblige mankind to explore the universe and Sacred Scripture respectively, in order to uncover hidden knowledge. Still this intellectual effort is rewarded. Through his strong epistemic optimism, John Scottus Eriugena establishes that access to sensible truths makes human knowledge superior to all other knowledge, thus enabling the salvation of human nature. It is only through philosophy, a practice accessible to every individual, that mankind can achieve his final happiness.
« Nemo intrat in celum nisi per philosophiam ». Jean Scot Érigène sur la nature et la connaissance humaine - 2024.
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Cet article approfondit les limites, l’origine et les possibilités de la connaissance humaine à l’intérieur du système philosophique de Jean Scot Érigène. Nous soutenons la thèse suivante : la nature humaine est douée d’une puissance épistémique illimitée, étant capable de comprendre l’existence de Dieu par la seule étude physique, sans s’appuyer forcément sur la révélation écrite. Chez Érigène, la Bible et la cosmologie offrent à l’homme les mêmes données théophaniques. La nature humaine se présente alors comme la racine de la connaissance et de l’être, puisque c’est dans la compréhension par l’homme que les choses trouvent leur véritable substance. Ce cadre se trouve brisé par le péché originel, qui empêche un accès direct à la vérité et oblige l’homme à employer les instruments interprétatifs du monde sensible : la science physique et la science exégétique. Ces deux disciplines obligent les hommes à travailler respectivement l’univers et la sainte Écriture pour en déceler les connaissances cachées. Mais cet effort intellectuel est récompensé. Faisant preuve d’un fort optimisme épistémique, Jean Scot Érigène établit que l’accès aux données sensibles rend la connaissance humaine supérieure à toute autre, permettant ainsi le salut de la nature humaine. Ce n’est que par la philosophie, pratique accessible à tout individu, que l’homme accède à son bonheur final. This article explores the limits, origins and possibilities of human knowledge in the philosophical system of John Scottus Eriugena. Our claim is that human nature is endowed with unlimited epistemic possibilities, being capable of understanding the existence of God through physical study alone, without necessarily relying on written revelation. According to Eriugena, the Bible and cosmology offer man the same theophanic material. Human nature is thus presented as the root of knowledge and being, since it is in human understanding that all things find their true substance. However, this framework is shattered by original sin, which prevents direct access to the truth and forces man to use the interpretative instruments of the sensible world: physical science and exegetical science. These two disciplines oblige mankind to explore the universe and Sacred Scripture respectively, in order to uncover hidden knowledge. Still this intellectual effort is rewarded. Through his strong epistemic optimism, John Scottus Eriugena establishes that access to sensible truths makes human knowledge superior to all other knowledge, thus enabling the salvation of human nature. It is only through philosophy, a practice accessible to every individual, that mankind can achieve his final happiness.
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