Territoires de désocialisation : les enclaves de l’exil au centre de Bangkok
Robinne, François
Territoires de désocialisation : les enclaves de l’exil au centre de Bangkok - 2022.
28
Depuis le tournant des années 2000, des enclaves urbaines faites d’alignements de baraques en tôle ondulée occupent les parcelles immobilières provisoirement vacantes du centre de Bangkok. Elles ont en commun d’être gérées par des entreprises du bâtiment et d’accueillir une main-d’œuvre non qualifiée originaire des pays limitrophes de la Thaïlande. Dans ces enclaves d’apparence très commune, la posture d’évitement adoptée par les résidents se distingue nettement des modes de recomposition sociale observés dans les camps de réfugiés, dans les lotissements à proximité des zones industrielles, ou encore dans les bidonvilles ou autres lieux d’hébergement de travailleurs de l’exil. L’opportunité que constitue l’assurance d’un emploi sur un chantier s’accompagne d’un ensemble de règles, dont celle de « un contrat = un travail = une personne », qui s’avère être une entrave à toute forme de regroupement familial ou d’adhésion communautaire. Dans ces enclaves urbaines, le retour à la normalité n’est pas une option, et c’est là sans doute leur dramatique spécificité. Since the turn of the 2000s, urban enclaves made up of rows of corrugated iron barracks have occupied temporarily vacant real estate sites in the city center of Bangkok. They have in common the characteristic of being managed by construction groups and of housing unskilled labor, mainly from the countries bordering Thailand. In these apparently very common enclaves, the residents' posture of avoidance differs from the modes of social recomposition observed in refugee camps, in the housing estates near industrial zones, and in the slums or other places where exile workers find accommodation. The opportunity of securing a job on a construction site is contingent on a set of rules. In particular, the « one contract = one job = one person » rule turns out to be an obstacle to any form of family reunification or community membership. In these urban enclaves, a return to normality is not an option, and this is undoubtedly their most tragic specificity.
Territoires de désocialisation : les enclaves de l’exil au centre de Bangkok - 2022.
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Depuis le tournant des années 2000, des enclaves urbaines faites d’alignements de baraques en tôle ondulée occupent les parcelles immobilières provisoirement vacantes du centre de Bangkok. Elles ont en commun d’être gérées par des entreprises du bâtiment et d’accueillir une main-d’œuvre non qualifiée originaire des pays limitrophes de la Thaïlande. Dans ces enclaves d’apparence très commune, la posture d’évitement adoptée par les résidents se distingue nettement des modes de recomposition sociale observés dans les camps de réfugiés, dans les lotissements à proximité des zones industrielles, ou encore dans les bidonvilles ou autres lieux d’hébergement de travailleurs de l’exil. L’opportunité que constitue l’assurance d’un emploi sur un chantier s’accompagne d’un ensemble de règles, dont celle de « un contrat = un travail = une personne », qui s’avère être une entrave à toute forme de regroupement familial ou d’adhésion communautaire. Dans ces enclaves urbaines, le retour à la normalité n’est pas une option, et c’est là sans doute leur dramatique spécificité. Since the turn of the 2000s, urban enclaves made up of rows of corrugated iron barracks have occupied temporarily vacant real estate sites in the city center of Bangkok. They have in common the characteristic of being managed by construction groups and of housing unskilled labor, mainly from the countries bordering Thailand. In these apparently very common enclaves, the residents' posture of avoidance differs from the modes of social recomposition observed in refugee camps, in the housing estates near industrial zones, and in the slums or other places where exile workers find accommodation. The opportunity of securing a job on a construction site is contingent on a set of rules. In particular, the « one contract = one job = one person » rule turns out to be an obstacle to any form of family reunification or community membership. In these urban enclaves, a return to normality is not an option, and this is undoubtedly their most tragic specificity.
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