Liban : l’impact de l’échéance présidentielle
Corm, Georges
Liban : l’impact de l’échéance présidentielle - 1988.
5
Les données structurelles de la crise libanaise ne se sont guère modifiées. En ce qui concerne les données exogènes d’abord : la détente américano-soviétique n’a pas encore produit de fruits visibles en ce qui concerne le Moyen-Orient ; la solidarité arabe, quant à elle, reste toujours aussi fragile, malgré les résolutions du sommet d’Alger. Sur le plan des facteurs internes ensuite, les milices sont plus agissantes que jamais, bien qu’elles aient enregistré une baisse sensible de popularité.La dynamique de gestion du conflit libanais apparaît totalement « surréaliste », en raison de la mauvaise évaluation, par les acteurs régionaux, de leur capacité d’intervention. En 1975, l’Occident, prédominant à l’époque, délègue la gestion de la crise à la Syrie jusqu’en 1982. A partir de cette date-là, c’est à Israël et accessoirement aux Etats-Unis que sont délégués ces pouvoirs. L’échec patent à redresser la situation sur le terrain ramène les Syriens au devant de la scène libanaise ; et à partir de 1984, la gestion par Damas de la crise libanaise sombre dans la déstabilisation la plus totale.Aussi, l’échéance présidentielle, quelque espoir que l’on ait pu nourrir, n’a fait qu’aggraver cette dynamique perverse, comme certains éléments troublants pouvaient le laisser penser.D’une part, les tractations menées par le secrétaire d’Etat américain avec les Syriens pour décider d’un projet de réforme constitutionnelle libanais sont venues consacrer un état de fait dangereux : celui de la division du pays du Cèdre. D’autant plus que le fait de discuter de droit constitutionnel, d’ajustement entre les deux branches de l’Exécutif libanais, – comme si les milices avaient disparu ou comme si les armées étrangères avaient évacué le Liban –, relève du surréalisme. D’autre part, aucun des candidats à l’élection présidentielle n’avait de programme politique cohérent, à l’exception notable de Raymond Eddé.Les conditions requises pour redresser cette logique perverse sont les suivantes : cesser de traiter le conflit libanais comme une crise interne ; cesser de croire que les milices peuvent s’entendre entre elles ; cesser de penser que l’on peut traiter les deux interventions syrienne et israélienne sur le même plan ; enfin, aider les modérés chrétiens et musulmans à exprimer une plate-forme commune pour le règlement de la crise libanaise.
Liban : l’impact de l’échéance présidentielle - 1988.
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Les données structurelles de la crise libanaise ne se sont guère modifiées. En ce qui concerne les données exogènes d’abord : la détente américano-soviétique n’a pas encore produit de fruits visibles en ce qui concerne le Moyen-Orient ; la solidarité arabe, quant à elle, reste toujours aussi fragile, malgré les résolutions du sommet d’Alger. Sur le plan des facteurs internes ensuite, les milices sont plus agissantes que jamais, bien qu’elles aient enregistré une baisse sensible de popularité.La dynamique de gestion du conflit libanais apparaît totalement « surréaliste », en raison de la mauvaise évaluation, par les acteurs régionaux, de leur capacité d’intervention. En 1975, l’Occident, prédominant à l’époque, délègue la gestion de la crise à la Syrie jusqu’en 1982. A partir de cette date-là, c’est à Israël et accessoirement aux Etats-Unis que sont délégués ces pouvoirs. L’échec patent à redresser la situation sur le terrain ramène les Syriens au devant de la scène libanaise ; et à partir de 1984, la gestion par Damas de la crise libanaise sombre dans la déstabilisation la plus totale.Aussi, l’échéance présidentielle, quelque espoir que l’on ait pu nourrir, n’a fait qu’aggraver cette dynamique perverse, comme certains éléments troublants pouvaient le laisser penser.D’une part, les tractations menées par le secrétaire d’Etat américain avec les Syriens pour décider d’un projet de réforme constitutionnelle libanais sont venues consacrer un état de fait dangereux : celui de la division du pays du Cèdre. D’autant plus que le fait de discuter de droit constitutionnel, d’ajustement entre les deux branches de l’Exécutif libanais, – comme si les milices avaient disparu ou comme si les armées étrangères avaient évacué le Liban –, relève du surréalisme. D’autre part, aucun des candidats à l’élection présidentielle n’avait de programme politique cohérent, à l’exception notable de Raymond Eddé.Les conditions requises pour redresser cette logique perverse sont les suivantes : cesser de traiter le conflit libanais comme une crise interne ; cesser de croire que les milices peuvent s’entendre entre elles ; cesser de penser que l’on peut traiter les deux interventions syrienne et israélienne sur le même plan ; enfin, aider les modérés chrétiens et musulmans à exprimer une plate-forme commune pour le règlement de la crise libanaise.
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