Love Cry, « le » free jazz n’existe pas
Marmande, Francis
Love Cry, « le » free jazz n’existe pas - 2015.
32
Il faut raconter les « coulisses » du dernier texte de ce numéro d’ Audimat pour bien en introduire le propos. Francis Marmande a 70 ans, il écrit sur le jazz dans Le Monde depuis une quarantaine d’années. Il a également signé une vingtaine de livres, enseigne la philosophie à l’université et joue du jazz, notamment avec Jac Berrocal. Nous l’avons contacté car nous cherchions à publier quelque chose autour du free jazz. Plus précisément, autour de ce que ses auditeurs trouvent dans le free jazz, de la situation de cette musique dans le monde de l’écoute, et aussi des espèces de mystères plus ou moins entretenus par ses chantres, dont Marmande fait partie.Il nous a fallu un certain nombre de mois pour parvenir à rencontrer l’auteur des lignes qui vont suivre et lui exposer notre projet. Une fois assis en face de nous, l’air affable et curieux, il a paru saisir l’idée et nous a demandé de résumer notre commande par mail sous forme de questions. Nous nous sommes exécutés et il s’est mis au travail. Mais quand nous avons lu son texte, quelques semaines plus tard, est apparu un malaise tenace. Certes, Marmande terminait ses 30 000 signes en qualifiant nos interrogations d’« aussi passionnantes qu’embarrassantes », mais il avait surtout l’air outré tout du long par notre bassesse de vue. Il tiquait sur chaque mot, bousculait chaque idée et digressait à grandes eaux. Le résultat était aussi freestyle qu’impubliable et nous lui avons répondu que tant pis, nous avions essayé mais que ça n’avait pas marché, que ce genre de choses pouvait arriver, sans rancune.Là, Marmande a eu une belle réaction d’orgueil et il a fait deux choses. D’une, il a rédigé en quelques heures un texte beaucoup plus bref mais qui, cette fois-ci, correspondait beaucoup, beaucoup mieux à ce que nous cherchions, tout en restant fidèle à son style. De deux, il a ressorti un texte écrit voici quelques années pour une anthologie au sujet d’Albert Ayler et qui se trouvait justement aborder dans certains passages cette question du « quoi » du free jazz. Pourquoi ne nous avait-il pas signalé plus tôt l’existence de cet article, mystère. Toujours est-il qu’en découvrant et digérant ses deux travaux, nous avons fini par nous dire que certains moments de sa première livraison s’y associeraient très bien.Les pages que vous allez lire sont donc un collage, un assemblage d’éléments provenant de trois sources différentes. Comme Marmande nous a laissé en faire ce que nous voulions, nous les avons coupées, remontées, reconnectées les unes aux autres. Notre intervention ne saurait toutefois vraiment dénaturer son propos, tant celui-ci provient d’une expérience à laquelle Audimat est étranger. Nous sommes fiers de publier ce texte et reconnaissants à Francis Marmande d’avoir répondu à notre sollicitation, même si nous savons bien que nos expériences respectives ne se touchent que bien trop rarement.
Love Cry, « le » free jazz n’existe pas - 2015.
32
Il faut raconter les « coulisses » du dernier texte de ce numéro d’ Audimat pour bien en introduire le propos. Francis Marmande a 70 ans, il écrit sur le jazz dans Le Monde depuis une quarantaine d’années. Il a également signé une vingtaine de livres, enseigne la philosophie à l’université et joue du jazz, notamment avec Jac Berrocal. Nous l’avons contacté car nous cherchions à publier quelque chose autour du free jazz. Plus précisément, autour de ce que ses auditeurs trouvent dans le free jazz, de la situation de cette musique dans le monde de l’écoute, et aussi des espèces de mystères plus ou moins entretenus par ses chantres, dont Marmande fait partie.Il nous a fallu un certain nombre de mois pour parvenir à rencontrer l’auteur des lignes qui vont suivre et lui exposer notre projet. Une fois assis en face de nous, l’air affable et curieux, il a paru saisir l’idée et nous a demandé de résumer notre commande par mail sous forme de questions. Nous nous sommes exécutés et il s’est mis au travail. Mais quand nous avons lu son texte, quelques semaines plus tard, est apparu un malaise tenace. Certes, Marmande terminait ses 30 000 signes en qualifiant nos interrogations d’« aussi passionnantes qu’embarrassantes », mais il avait surtout l’air outré tout du long par notre bassesse de vue. Il tiquait sur chaque mot, bousculait chaque idée et digressait à grandes eaux. Le résultat était aussi freestyle qu’impubliable et nous lui avons répondu que tant pis, nous avions essayé mais que ça n’avait pas marché, que ce genre de choses pouvait arriver, sans rancune.Là, Marmande a eu une belle réaction d’orgueil et il a fait deux choses. D’une, il a rédigé en quelques heures un texte beaucoup plus bref mais qui, cette fois-ci, correspondait beaucoup, beaucoup mieux à ce que nous cherchions, tout en restant fidèle à son style. De deux, il a ressorti un texte écrit voici quelques années pour une anthologie au sujet d’Albert Ayler et qui se trouvait justement aborder dans certains passages cette question du « quoi » du free jazz. Pourquoi ne nous avait-il pas signalé plus tôt l’existence de cet article, mystère. Toujours est-il qu’en découvrant et digérant ses deux travaux, nous avons fini par nous dire que certains moments de sa première livraison s’y associeraient très bien.Les pages que vous allez lire sont donc un collage, un assemblage d’éléments provenant de trois sources différentes. Comme Marmande nous a laissé en faire ce que nous voulions, nous les avons coupées, remontées, reconnectées les unes aux autres. Notre intervention ne saurait toutefois vraiment dénaturer son propos, tant celui-ci provient d’une expérience à laquelle Audimat est étranger. Nous sommes fiers de publier ce texte et reconnaissants à Francis Marmande d’avoir répondu à notre sollicitation, même si nous savons bien que nos expériences respectives ne se touchent que bien trop rarement.
Réseaux sociaux