Les embarras du médecin psychiatre évaluateur face au handicap psychique
Advenier, Frédéric
Les embarras du médecin psychiatre évaluateur face au handicap psychique - 2018.
81
L’évaluation du handicap psychique pose des difficultés. Évaluer les besoins et non pas une incapacité, prendre en compte le point de vue de l’usager et les spécificités de son environnement sont des changements difficiles à mettre en place dans le cadre de la routine. Nous tentons de clarifier les embarras rencontés dans l’évaluation des situations de handicap en suivant deux questions : 1/ Est-ce que la psychiatrie, comme les autres disciplines médicales, produit-elle du handicap et comment ? 2/ Les mesures de compensation du handicap psychique renforcent-elles des processus d’aliénation mentale ? Nous pratiquons une revue de la littérature, une recherche de données quantitatives et une compilation de situations cliniques significatives issue de la pratique de certains auteurs de l’article. Plusieurs facteurs nous semblent augmenter l’éligibilité de personnes aux prestations liées au handicap psychique : le « principe de ne pas nuire au patient » justifiant par exemple la reconduite automatique de certaine prestation. ; l’absence de débat contradictoire sur un diagnostic médical ambigu pour l’évaluateur ; l’apparition de la souffrance psychique « auto-référencée » comme motif de compensation. La prise en compte du point de vue de l’usager, la manière dont il envisage sa situation de handicap et la singularité réflexive qu’il présente nous semble être les conditions pour que les prestations compensant le handicap psychique ne renforcent pas une situation d’aliénation mentale. Evaluating mental disability has its difficulties, the first being evaluating the needs rather than the inabilities of the user, while also taking into account his or her point of view and specifics of his environment. These are modifications which may be difficult to put in place during this common, routine exercise. In this article we will attempt to clarify the problems encountered in evaluating handicap situations, while retaining two main questions uppermost in mind: 1/ Does Mental Health Care, as in other medical disciplines, produce handicap and how? 2/ Do benefits provided to those with mental health problems lead to an increase in mental alienation? To this aim, we have examined the relevant literature, researched quantitative data and used a compilation of certain clinical cases from our own practice. Several factors seem to increase the patient’s eligibility to receive handicap benefits, such as ‘the principle of not harming the patient’ justifying for example the automatic renewal of certain benefits, the lack of a contradictory opinion on a possibly ambiguous medical diagnosis for the assessor and the presence of ‘auto-referred’ mental suffering as a grounds for compensation. Taking into account the user’s point of view, the manner that the individual considers their handicap situation and the reflexive singularity observed does, in our opinion, fulfil the necessary conditions for benefits destined to compensate mental disability not in fact to accentuate the user’s mental alienation.
Les embarras du médecin psychiatre évaluateur face au handicap psychique - 2018.
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L’évaluation du handicap psychique pose des difficultés. Évaluer les besoins et non pas une incapacité, prendre en compte le point de vue de l’usager et les spécificités de son environnement sont des changements difficiles à mettre en place dans le cadre de la routine. Nous tentons de clarifier les embarras rencontés dans l’évaluation des situations de handicap en suivant deux questions : 1/ Est-ce que la psychiatrie, comme les autres disciplines médicales, produit-elle du handicap et comment ? 2/ Les mesures de compensation du handicap psychique renforcent-elles des processus d’aliénation mentale ? Nous pratiquons une revue de la littérature, une recherche de données quantitatives et une compilation de situations cliniques significatives issue de la pratique de certains auteurs de l’article. Plusieurs facteurs nous semblent augmenter l’éligibilité de personnes aux prestations liées au handicap psychique : le « principe de ne pas nuire au patient » justifiant par exemple la reconduite automatique de certaine prestation. ; l’absence de débat contradictoire sur un diagnostic médical ambigu pour l’évaluateur ; l’apparition de la souffrance psychique « auto-référencée » comme motif de compensation. La prise en compte du point de vue de l’usager, la manière dont il envisage sa situation de handicap et la singularité réflexive qu’il présente nous semble être les conditions pour que les prestations compensant le handicap psychique ne renforcent pas une situation d’aliénation mentale. Evaluating mental disability has its difficulties, the first being evaluating the needs rather than the inabilities of the user, while also taking into account his or her point of view and specifics of his environment. These are modifications which may be difficult to put in place during this common, routine exercise. In this article we will attempt to clarify the problems encountered in evaluating handicap situations, while retaining two main questions uppermost in mind: 1/ Does Mental Health Care, as in other medical disciplines, produce handicap and how? 2/ Do benefits provided to those with mental health problems lead to an increase in mental alienation? To this aim, we have examined the relevant literature, researched quantitative data and used a compilation of certain clinical cases from our own practice. Several factors seem to increase the patient’s eligibility to receive handicap benefits, such as ‘the principle of not harming the patient’ justifying for example the automatic renewal of certain benefits, the lack of a contradictory opinion on a possibly ambiguous medical diagnosis for the assessor and the presence of ‘auto-referred’ mental suffering as a grounds for compensation. Taking into account the user’s point of view, the manner that the individual considers their handicap situation and the reflexive singularity observed does, in our opinion, fulfil the necessary conditions for benefits destined to compensate mental disability not in fact to accentuate the user’s mental alienation.




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