De la pertinence du rite de passage dans la reconstruction du lien social au Rwanda
Ndabavunye, Ibrahim
De la pertinence du rite de passage dans la reconstruction du lien social au Rwanda - 2005.
62
Le présent article tente d’explorer la problématique de la reconstruction du lien social à partir de métaphores culturelles. Au Rwanda, les rites ont été de tout temps, quelles que soient les formes adoptées, un mode de traitement pour conjurer le mal et les fléaux de nature diverse. Avec la colonisation, les rites se sont déplacés, éparpillés: la société rwandaise s’est déritualisée. Or, à l’occasion du génocide et des massacres de 1994, les questions du sens de la vie (pourquoi ai-je survécu?) s’imposent et interpellent toutes les forces vives du pays. Pendant le génocide, les survivants n’ont pas pleuré, « il n’y avait pas le temps» de pleurer. Les survivantes camouflent aujourd’hui leur propre mort psychique et celle des leurs. J’interprète cette souffrance comme une impossibilité de franchir une étape du rite de passage. Le concept de rite de passage « revisité», au travers de rituels de deuil accomplis par les patientes et les membres d’une communauté thérapeutique, permet une nouvelle négociation pour remobiliser un nouvel espace/temps spécifique qui permet aux survivantes d’envisager enfin un nouvel avenir. Relevance of the rite of passage in the reconstruction of the social link in Rwanda. Clinical and therapeutical perspectives of a research – action.This article tries to explore the problematic of the reconstruction of the social link using the tool of the cultural metaphors. In Rwanda, the rites have always been whatever the adopted forms, a way of treatment to push away the evil and the scourges of various natures. With colonization, the rites have been displaced, dispersed: the Rwandese society was deritualized. However, consecutive to the genocide and the massacres of 1994, the questions of the sense of the life (why have I survived?), come back strongly and questions all the active forces of the country. During the genocide, the victims have not cried, there was no time there to cry. The victims hide today their own psychic death and the death of the members of their families and their friends. I interpret this suffering as an impossibility to get over a stage of the rite of passage. The concept of rite of passage « revisited», through rituals of mourning done by the patients and the members of the community, allows a new negotiation to remobilise a specific space/time. Pertinencia del rito de paso en la reconstrucción del vínculo social en Rwanda. Perspectivas clínica y terapéutica sobre una investigacción – acción.El presente artículo trata de explorar la problemática de la reconstrucción del vínculo social a partir de metáforas culturales. En Rwanda, los ritos siempre han servido, bajo diferentes formas, de tratamiento para conjurar el mal y las calamidades de distinto tipo. Con la colonización, los ritos se desplazaron, se dispersaron: la sociedad ruandesa se des-ritualizó. Ahora bien, en ocasión del genocidio y de las masacres de 1994, las preguntas sobre el sentido de la vida (Porqué sobreviví?) vuelven con fuerza e interpelan a todas las fuerzas vivas del país. Durante el genocidio, las víctimas no lloraron, no había tiempo para llorar. Las víctimas disimulan hoy su propia muerte psíquica y la de los suyos. Yo interpreto este sufrimiento como la imposibilidad de alcanzar una etapa del rito de paso. El concepto de rito de paso « revisitado», a través de rituales de duelo realizados por las pacientes y los miembros de la comunidad, permite una nueva negociación para removilizar un nuevo espacio/tiempo específico.
De la pertinence du rite de passage dans la reconstruction du lien social au Rwanda - 2005.
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Le présent article tente d’explorer la problématique de la reconstruction du lien social à partir de métaphores culturelles. Au Rwanda, les rites ont été de tout temps, quelles que soient les formes adoptées, un mode de traitement pour conjurer le mal et les fléaux de nature diverse. Avec la colonisation, les rites se sont déplacés, éparpillés: la société rwandaise s’est déritualisée. Or, à l’occasion du génocide et des massacres de 1994, les questions du sens de la vie (pourquoi ai-je survécu?) s’imposent et interpellent toutes les forces vives du pays. Pendant le génocide, les survivants n’ont pas pleuré, « il n’y avait pas le temps» de pleurer. Les survivantes camouflent aujourd’hui leur propre mort psychique et celle des leurs. J’interprète cette souffrance comme une impossibilité de franchir une étape du rite de passage. Le concept de rite de passage « revisité», au travers de rituels de deuil accomplis par les patientes et les membres d’une communauté thérapeutique, permet une nouvelle négociation pour remobiliser un nouvel espace/temps spécifique qui permet aux survivantes d’envisager enfin un nouvel avenir. Relevance of the rite of passage in the reconstruction of the social link in Rwanda. Clinical and therapeutical perspectives of a research – action.This article tries to explore the problematic of the reconstruction of the social link using the tool of the cultural metaphors. In Rwanda, the rites have always been whatever the adopted forms, a way of treatment to push away the evil and the scourges of various natures. With colonization, the rites have been displaced, dispersed: the Rwandese society was deritualized. However, consecutive to the genocide and the massacres of 1994, the questions of the sense of the life (why have I survived?), come back strongly and questions all the active forces of the country. During the genocide, the victims have not cried, there was no time there to cry. The victims hide today their own psychic death and the death of the members of their families and their friends. I interpret this suffering as an impossibility to get over a stage of the rite of passage. The concept of rite of passage « revisited», through rituals of mourning done by the patients and the members of the community, allows a new negotiation to remobilise a specific space/time. Pertinencia del rito de paso en la reconstrucción del vínculo social en Rwanda. Perspectivas clínica y terapéutica sobre una investigacción – acción.El presente artículo trata de explorar la problemática de la reconstrucción del vínculo social a partir de metáforas culturales. En Rwanda, los ritos siempre han servido, bajo diferentes formas, de tratamiento para conjurar el mal y las calamidades de distinto tipo. Con la colonización, los ritos se desplazaron, se dispersaron: la sociedad ruandesa se des-ritualizó. Ahora bien, en ocasión del genocidio y de las masacres de 1994, las preguntas sobre el sentido de la vida (Porqué sobreviví?) vuelven con fuerza e interpelan a todas las fuerzas vivas del país. Durante el genocidio, las víctimas no lloraron, no había tiempo para llorar. Las víctimas disimulan hoy su propia muerte psíquica y la de los suyos. Yo interpreto este sufrimiento como la imposibilidad de alcanzar una etapa del rito de paso. El concepto de rito de paso « revisitado», a través de rituales de duelo realizados por las pacientes y los miembros de la comunidad, permite una nueva negociación para removilizar un nuevo espacio/tiempo específico.
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