Pour un nouvel enseignement de la philosophie. Retour sur La philosophie des professeurs de François Châtelet
Périn, Nathalie
Pour un nouvel enseignement de la philosophie. Retour sur La philosophie des professeurs de François Châtelet - 2019.
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Faire retour sur La philosophie des professeurs de François Châtelet, c’est se pencher sur un ouvrage qui posait en son temps (1970) une question que rencontreraient, quelques années plus tard, J. Derrida et le Greph, de la place et de la fonction de l’enseignement de la philosophie dans l’institution éducative française. F. Châtelet apparaît ainsi comme un penseur original de la mise en question de l’institutionnalisation de la philosophie. Critique qui ne se déliera pas (et dans l’œuvre même du philosophe) d’une défense renouvelée de cet enseignement et, plus largement, de la transmission philosophique. Singularité de cet ouvrage qui, pour s’inscrire dans l’héritage critique de penseurs tels que P. Nizan, G. Politzer ou J.-F. Revel, ne voudra pas faire siennes la déploration ou la réaction, mais cherchera les voies problématiques d’une véritable défense et affirmation de la philosophie au sein des établissements d’enseignement. Désidéologiser la philosophie telle qu’elle se présente à travers les programmes et les manuels qui en sont les vecteurs, participera d’une défense re-posée de ce genre de pensée enseigné. La philosophie ne formerait plus aux opinions communes, ne serait plus l’arôme spirituel prenant la place de la religion dans la formation étatique du citoyen. Mais, en se prenant comme objet même de sa propre critique, chercherait plus que jamais à nuire à la bêtise. To return to The professors’ philosophy, by François Châtelet, is to look at a book that asked in his time (1970) a question that J. Derrida and the Greph would also encounter a few years later about the place and function of the teaching of philosophy in the French educational institution. F. Châtelet thus appears as an original thinker when it comes to questioning the institutionalization of philosophy. His criticism of the renewed defense of this teaching and, more broadly, of philosophical transmission will not weaken (as in the very work of the philosopher). The singularity of this work, which is part of the critical legacy of thinkers such as P. Nizan, G. Politzer or J.-F. Revel, will not endorse lamentation or reaction, but will seek the problematic paths of a true defense and affirmation of philosophy within educational institutions. Freeing philosophy from ideology, as it appears through the programs and textbooks that support it, will be part of a renewed defense of this kind of taught thought. Philosophy would no longer form to common opinions, would no longer be the spiritual replacement of religion in the state formation of the citizen. But, by taking itself as the very object of its own criticism, philosophy would more than ever seek to discourage stupidity.
Pour un nouvel enseignement de la philosophie. Retour sur La philosophie des professeurs de François Châtelet - 2019.
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Faire retour sur La philosophie des professeurs de François Châtelet, c’est se pencher sur un ouvrage qui posait en son temps (1970) une question que rencontreraient, quelques années plus tard, J. Derrida et le Greph, de la place et de la fonction de l’enseignement de la philosophie dans l’institution éducative française. F. Châtelet apparaît ainsi comme un penseur original de la mise en question de l’institutionnalisation de la philosophie. Critique qui ne se déliera pas (et dans l’œuvre même du philosophe) d’une défense renouvelée de cet enseignement et, plus largement, de la transmission philosophique. Singularité de cet ouvrage qui, pour s’inscrire dans l’héritage critique de penseurs tels que P. Nizan, G. Politzer ou J.-F. Revel, ne voudra pas faire siennes la déploration ou la réaction, mais cherchera les voies problématiques d’une véritable défense et affirmation de la philosophie au sein des établissements d’enseignement. Désidéologiser la philosophie telle qu’elle se présente à travers les programmes et les manuels qui en sont les vecteurs, participera d’une défense re-posée de ce genre de pensée enseigné. La philosophie ne formerait plus aux opinions communes, ne serait plus l’arôme spirituel prenant la place de la religion dans la formation étatique du citoyen. Mais, en se prenant comme objet même de sa propre critique, chercherait plus que jamais à nuire à la bêtise. To return to The professors’ philosophy, by François Châtelet, is to look at a book that asked in his time (1970) a question that J. Derrida and the Greph would also encounter a few years later about the place and function of the teaching of philosophy in the French educational institution. F. Châtelet thus appears as an original thinker when it comes to questioning the institutionalization of philosophy. His criticism of the renewed defense of this teaching and, more broadly, of philosophical transmission will not weaken (as in the very work of the philosopher). The singularity of this work, which is part of the critical legacy of thinkers such as P. Nizan, G. Politzer or J.-F. Revel, will not endorse lamentation or reaction, but will seek the problematic paths of a true defense and affirmation of philosophy within educational institutions. Freeing philosophy from ideology, as it appears through the programs and textbooks that support it, will be part of a renewed defense of this kind of taught thought. Philosophy would no longer form to common opinions, would no longer be the spiritual replacement of religion in the state formation of the citizen. But, by taking itself as the very object of its own criticism, philosophy would more than ever seek to discourage stupidity.
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