Borges et l'aversion pour la psychanalyse
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Résumé Dans l’œuvre de Borges, nourrie d’une culture individuelle qui aspire à l’universel, la psychanalyse freudienne semble hors jeu, en dehors de quelques références sommaires et méprisantes. Parfois, il opposait psychanalyse et psychologie, pour exalter la seconde et déprécier la première, tout en exprimant ses sympathies pour le « psychologue » Jung. Ces opinions résultent en partie de sa dévotion au père, dont l’influence fut immense dans sa pensée et son destin, et qui professait une psychologie inspirée par William James. Et pourtant l’univers fictionnel de Borges, malgré son aversion pour la psychanalyse, montre des constructions symboliques captivantes qui s’apparentent aux formations de l’inconscient révélées et analysées par Freud. C’est pourquoi la discordance entre le retentissement de son œuvre dans la culture argentine, et le succès de la psychanalyse dans cette même culture, pourrait être plus apparente que réelle.
In Borges’ works, permeated with an encyclopaedic and yet very individual culture, psychoanalysis seems to have been completely ignored, that is, apart from a few hasty and often contemptuous references. Sometimes Borges opposes psychoanalysis and psychology, always to despise the first and exalt the second, whilst expressing his regard for the "psychologist" Jung. Probably this outlook came in part from his devotion to his father, who taught psychology inspired by William James. And yet Borges’ world, in spite of his personal scorn for psychoanalytic theory, is rich in symbolic architectures which are akin to dream and to wit, analysed by Freud as the complex and subtle production of an unconscious thought. The gap between the great authority of Borges and the remarkable success of psychoanalysis, characteristic of Argentinean culture, is thus perhaps not as wide as it appears.
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