Réflexivité épistémique et défense forte du sens commun. Remarques sur l’épistémologie de Pascal Engel
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Dans cet article, je discute l’épistémologie de Pascal Engel, en particulier sa stratégie de réponse aux arguments sceptiques dans Va Savoir !. Après avoir présenté de manière synthétique (section 1) les grands axes de cette stratégie (c’est-à-dire la stratégie du « mooréanisme internaliste »), je reviens avec plus d’attention sur deux éléments de cette stratégie avec lesquels je suis en désaccord : (i) le rejet par Engel de tout principe de réflexivité épistémique, et (ii) le rejet par Engel d’une défense « forte » du sens commun. Je défends qu’un certain principe de réflexivité (à savoir le principe de Méta-Cohérence, défendu par Michael Huemer) ne peut pas être raisonnablement rejeté (section 2) ; puis je montre que l’épistémologie d’Engel ne permet pas d’apporter une réponse satisfaisante au défi sceptique que pose le principe de Méta-Cohérence (section 3). Enfin, je soutiens que la seule manière de répondre de manière satisfaisante à ce défi est de recourir (comme Reid, mais pas comme Moore, Lemos ou Engel) à une défense « forte » du sens commun, c’est-à-dire à une stratégie dans laquelle les propositions de sens commun sont justifiées parce qu’elles sont de sens commun (section 4).
In this paper, I discuss Pascal Engel’s epistemology, in particular his anti-sceptical strategy as developed in Va Savoir!. After a first section, where I give a summary of the main ideas of his anti-sceptical strategy (i.e., “internalist neo-Mooreanism”), I concentrate my study on two elements of this strategy with which I disagree, namely (i) Engel’s rejection of any principle of epistemic reflexivity, and (ii) Engel’s rejection of a “robust” defence of common sense. In section 2, I argue that there is at least one reflexivity principle—namely Michael Huemer’s Meta-Coherence Principle—which cannot be reasonably rejected. In section 3, I show that Engel’s epistemology does not have the resources to tackle the sceptical challenge that a sceptic may raise by using the Meta-Coherence Principle. Finally, in section 4, I argue that the most satisfactory way to tackle sceptical arguments based on Meta-Coherence is to adopt a “robust” defence of common sense, i.e., a defence (adopted by Reid but not by Moore, Lemos or Engel) according to which the propositions of common sense have some kind of justification in virtue of the very fact that they are common sense propositions.
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