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Une perspective confucéenne sur les droits de propriété

Par : Contributeur(s) : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2023. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : Tout au long de l’histoire de la Chine, les confucéens se sont opposés au contrôle rigoureux du gouvernement légiste et ont mis en garde contre les effets négatifs de l’intervention de l’État dans l’économie. Cela ne s’est toutefois pas traduit par l’approbation d’un régime de droits de propriété privée sans entraves. Du point de vue confucéen, l’État a l’obligation de garantir les conditions du bien-être matériel de base de la population et celle-ci est prioritaire sur la promotion du marché libre, ce qui devrait inspirer un régime justifiable de droits de propriété.Historiquement, les confucéens ont plaidé pour l’abolition des monopoles d’État sur le sel et sur le fer sous la dynastie Han, tandis que le système du « champ de captage » chez Mencius a permis à l’État d’attribuer des terres sur des fondements égalitaires. Ces exemples montrent que l’objectif principal des penseurs confucéens n’est ni un contrôle absolu de l’État sur l’économie, ni une forme de marché libre, mais plutôt un mixte pour le bien-être de la population.De nos jours, une attention particulière est accordée aux valeurs confucéennes dans les régimes de droits de propriété en Asie de l’Est et elle semble inciter les États à redistribuer les ressources de façon égalitaire, par exemple sous la forme d’une portion importante de logements sociaux, à Singapour et à Hong Kong ou, dans le secteur agricole en Chine, de la renaissance moderne du système du « champ de captage » de Mencius sous Deng Xiaoping. Dans ces exemples, l’accès de la population à la terre et au logement sont les garanties de son bien-être matériel basique : c’est ce qui a été privilégié sur un marché immobilier libre (voire libertarien). Une valeur centrale pour la garantie du bien-être matériel de base était le fait Mencius et Confucius, qui considèrent la survie du peuple comme condition préalable nécessaire au bon fonctionnement de tout ordre étatique.Alors que l’idée selon laquelle le confucianisme s’oppose en fait aux droits de propriété privée est largement répandue, cet essai suggère que le confucianisme propose plutôt sa propre théorie de la propriété. Au lieu de contester les droits de propriété en tant que tels, il remet en question les conceptualisations européennes et américaines de ces droits. Fondamentalement, la théorie confucéenne de la propriété considère que les droits de propriété sont « particularistes » et relatifs à d’autres considérations sociales. Par conséquent, ces droits peuvent primer sur les droits individuels, si besoin est. Cette notion confucéenne de la propriété peut non seulement être considérée comme une alternative à la conception libérale occidentale de la propriété, mais elle peut également offrir un point de départ viable pour examiner une multitude de notions de droit façonnées dans un contexte international. S’éloigner d’une notion centrée sur l’Occident et prendre en compte d’autres théories, comme le confucianisme, peut s’avérer crucial non seulement pour l’État chinois dans l’élaboration de ses lois et de ses règlements, mais aussi pour la communauté internationale lors de la rédaction d’accords véritablement internationaux.Cet essai montre comment les droits de propriété de type confucéen ont influencé le fonctionnement des pays d’Asie de l’Est d’héritage confucéen et continuent de le faire. Classification JEL : P14Abrégé : Throughout Chinese history, Confucians opposed heavy-handed Legalist government control and warned of the negative effects of state intervention in the economy. This did not translate, however, into endorsement of an unfettered private property rights regime. From a Confucian perspective, the state’s obligation to secure the conditions for people’s basic material welfare has priority over the free market and should inform a justifiable regime of property rights.Historically, Confucians advocated for abolishing state monopolies in salt and iron during the Han dynasty, whilst Mencius’ well-field system enabled state-led allocation of land with egalitarian aims, showing that their primary concern does not lie with either the extreme of state-control over the economy or the free market, but rather with the well-being of its people.Nowadays, the special attention given to Confucian values within East Asian property rights regimes incentivises state-led redistribution of resources with egalitarian undertones, for instance in the form of a high share of public housing in Singapore and Hong Kong or the modern revival of Mencius’ well-field system under Deng Xiaoping in the agricultural sector. In these cases, the people’s access to land and housing guaranteeing their basic material welfare has been prioritized over the existence of a libertarian real estate market. The central value of guaranteeing basic material welfare has been promulgated by Mencius and Confucius alike, as they consider the ensured survival of the people as a necessary precondition for a functioning state order.Whilst there has been a widespread belief that Confucianism does in fact oppose private property rights, this essay suggests that Confucianism proposes its own theory of property instead. Rather than challenging property rights per se, it challenges the European and American conceptualisations thereof. Fundamentally, the Confucian theory of property considers property rights to be particularistic and relative to other social considerations, which can override individual rights when required.This Confucian notion of property can not only be seen as an alternative to the Western liberal conception of property ; it can also offer a viable starting point for considering a multitude of culturally shaped notions of rights in an international context. Thus, moving away from a West-centric notion and taking other theories such as Confucianism into account can be crucial not only for the Chinese state in designing laws and regulations, but also for the international community when drafting truly international agreements.This essay shows how Confucian-style property rights have influenced the workings of East Asian countries with a Confucian heritage and continue to do so today.
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Tout au long de l’histoire de la Chine, les confucéens se sont opposés au contrôle rigoureux du gouvernement légiste et ont mis en garde contre les effets négatifs de l’intervention de l’État dans l’économie. Cela ne s’est toutefois pas traduit par l’approbation d’un régime de droits de propriété privée sans entraves. Du point de vue confucéen, l’État a l’obligation de garantir les conditions du bien-être matériel de base de la population et celle-ci est prioritaire sur la promotion du marché libre, ce qui devrait inspirer un régime justifiable de droits de propriété.Historiquement, les confucéens ont plaidé pour l’abolition des monopoles d’État sur le sel et sur le fer sous la dynastie Han, tandis que le système du « champ de captage » chez Mencius a permis à l’État d’attribuer des terres sur des fondements égalitaires. Ces exemples montrent que l’objectif principal des penseurs confucéens n’est ni un contrôle absolu de l’État sur l’économie, ni une forme de marché libre, mais plutôt un mixte pour le bien-être de la population.De nos jours, une attention particulière est accordée aux valeurs confucéennes dans les régimes de droits de propriété en Asie de l’Est et elle semble inciter les États à redistribuer les ressources de façon égalitaire, par exemple sous la forme d’une portion importante de logements sociaux, à Singapour et à Hong Kong ou, dans le secteur agricole en Chine, de la renaissance moderne du système du « champ de captage » de Mencius sous Deng Xiaoping. Dans ces exemples, l’accès de la population à la terre et au logement sont les garanties de son bien-être matériel basique : c’est ce qui a été privilégié sur un marché immobilier libre (voire libertarien). Une valeur centrale pour la garantie du bien-être matériel de base était le fait Mencius et Confucius, qui considèrent la survie du peuple comme condition préalable nécessaire au bon fonctionnement de tout ordre étatique.Alors que l’idée selon laquelle le confucianisme s’oppose en fait aux droits de propriété privée est largement répandue, cet essai suggère que le confucianisme propose plutôt sa propre théorie de la propriété. Au lieu de contester les droits de propriété en tant que tels, il remet en question les conceptualisations européennes et américaines de ces droits. Fondamentalement, la théorie confucéenne de la propriété considère que les droits de propriété sont « particularistes » et relatifs à d’autres considérations sociales. Par conséquent, ces droits peuvent primer sur les droits individuels, si besoin est. Cette notion confucéenne de la propriété peut non seulement être considérée comme une alternative à la conception libérale occidentale de la propriété, mais elle peut également offrir un point de départ viable pour examiner une multitude de notions de droit façonnées dans un contexte international. S’éloigner d’une notion centrée sur l’Occident et prendre en compte d’autres théories, comme le confucianisme, peut s’avérer crucial non seulement pour l’État chinois dans l’élaboration de ses lois et de ses règlements, mais aussi pour la communauté internationale lors de la rédaction d’accords véritablement internationaux.Cet essai montre comment les droits de propriété de type confucéen ont influencé le fonctionnement des pays d’Asie de l’Est d’héritage confucéen et continuent de le faire. Classification JEL : P14

Throughout Chinese history, Confucians opposed heavy-handed Legalist government control and warned of the negative effects of state intervention in the economy. This did not translate, however, into endorsement of an unfettered private property rights regime. From a Confucian perspective, the state’s obligation to secure the conditions for people’s basic material welfare has priority over the free market and should inform a justifiable regime of property rights.Historically, Confucians advocated for abolishing state monopolies in salt and iron during the Han dynasty, whilst Mencius’ well-field system enabled state-led allocation of land with egalitarian aims, showing that their primary concern does not lie with either the extreme of state-control over the economy or the free market, but rather with the well-being of its people.Nowadays, the special attention given to Confucian values within East Asian property rights regimes incentivises state-led redistribution of resources with egalitarian undertones, for instance in the form of a high share of public housing in Singapore and Hong Kong or the modern revival of Mencius’ well-field system under Deng Xiaoping in the agricultural sector. In these cases, the people’s access to land and housing guaranteeing their basic material welfare has been prioritized over the existence of a libertarian real estate market. The central value of guaranteeing basic material welfare has been promulgated by Mencius and Confucius alike, as they consider the ensured survival of the people as a necessary precondition for a functioning state order.Whilst there has been a widespread belief that Confucianism does in fact oppose private property rights, this essay suggests that Confucianism proposes its own theory of property instead. Rather than challenging property rights per se, it challenges the European and American conceptualisations thereof. Fundamentally, the Confucian theory of property considers property rights to be particularistic and relative to other social considerations, which can override individual rights when required.This Confucian notion of property can not only be seen as an alternative to the Western liberal conception of property ; it can also offer a viable starting point for considering a multitude of culturally shaped notions of rights in an international context. Thus, moving away from a West-centric notion and taking other theories such as Confucianism into account can be crucial not only for the Chinese state in designing laws and regulations, but also for the international community when drafting truly international agreements.This essay shows how Confucian-style property rights have influenced the workings of East Asian countries with a Confucian heritage and continue to do so today.

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