Prise de décision dans le vieillissement normal et pathologique
Type de matériel :
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Savoir prendre de bonnes décisions (dans son intérêt ou celui de ses proches) relève d’une faculté indispensable à notre adaptation, notre autonomie, voire notre survie. Pour autant, cette aptitude n’est pas aisée car la prise de décision est une faculté complexe, composite, qui s’avère particulièrement sensible aux effets de l’avancée en âge. Deux modalités de prise de décision sont distinguées : la prise de décision sous ambiguïté, lorsque la probabilité du résultat est ignorée et la prise de décision sous risque, lorsque les conséquences et leurs probabilités sont connues. Cette revue de la littérature présente les effets du vieillissement normal et pathologique sur ces deux modalités décisionnelles. Dans le vieillissement cérébral/cognitif dit normal, la diminution des aptitudes en prise de décision s’explique principalement par le déclin exécutif lié à l’âge, la modalité prise de décision sous risque paraissant mieux préservée. Au cours du vieillissement cérébral/cognitif dit pathologique, la localisation des lésions anatomiques joue un rôle prégnant sur le type de troubles décisionnels. Ainsi, les lésions frontales et/ou sous-corticofrontales conduisent à une prise de risque majeure, surtout en condition ambiguë. Les lésions frontales affectent le rôle des renforcements utiles à la prise de décision sous ambiguïté, en entravant la connaissance de la probabilité du résultat. Les dysfonctionnements exécutifs et la dégradation du système de récompense altèrent la prise de décision sous risque, empêchant l’anticipation des conséquences et la connaissance des probabilités sur le résultat. Les lésions temporales ou temporofrontales affectent les deux conditions décisionnelles. Ici, l’altération de la prise de décision sous ambiguïté paraît liée aux difficultés à apprendre par « feed-back » afin d’estimer correctement la probabilité du résultat. La détérioration de la prise de décision sous risque s’explique par l’incapacité à apprécier correctement les probabilités des conséquences. Ces données soulignent la complexité et la variété des mécanismes et des processus mis en jeu lors des activités de prise de décision. Elles permettent aussi d’expliquer les dissociations observées en fonction de type de lésions cérébrales relevées dans la cadre du vieillissement normal et pathologique.
Decision-making in normal and pathological agingTaking relevant decisions (in his interest or that of his relatives) is necessary for our adaptation, our autonomy and our survival. However, decision-making is a complex and composite ability, which is particularly sensitive to the effects of aging. Two decision-making conditions are usually distinguished : decision under ambiguity in which the probability of the result is ignored and decision under risk in which the consequences and the probabilities of these consequences are known. This review outlines the major age-related changes in decision-making processes. In normal aging, impaired decision-making is mainly related to executive function decline. In normal aging, decision under risk seems to be better preserved than decision under ambiguity. During pathological aging, the location of the cerebral lesions plays an important role on the type of decision-making problems encountered. Thus, frontal and/or sub-cortical frontal lesions lead to greater risk-taking, especially in ambiguous conditions. In this condition, reinforcements have a prevalent role. Frontal and/or sub-cortical frontal lesions make theses reinforcements particularly inefficient, hindering the ability to anticipate the probability of the outcome. Impaired decision making under risk is related to executive dysfunctions and damage of the expected reward system. The patients become unable to recognize and anticipate the consequences and their probabilities on the outcome. Temporal or temporofrontal lesions affect decision-making under ambiguity and decision making under risk. Impairment of risky decisions is due to the inability to accurately estimate the probabilities of the consequences. Decision-making disorders under ambiguity are linked with difficulties to learn by “feedback” and to anticipate the likelihood of the outcome. These results highlight the complexity and variety of mechanisms and processes of decision-making activities. These data also help to explain the dissociation observed, depending on the type of brain damage identified in the context of normal and pathological aging.
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