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Les Lumières ont inventé l’espace bourgeois dans sa double dimension de sphère publique et de sphère intime. Paradoxalement, cette dernière s’élabore en partie au cœur même des lieux de l’aristocratie de cour, dans les replis de la distribution raffinée des appartements de commodité de l’hôtel particulier. Cette brèche ouverte au cœur de l’espace aristocratique – qui traduit une crise profonde de l’idéologie de cour – nous en cherchons les traces dans les contradictions du discours des traités d’architecture et dans leur transfiguration littéraire. Les intérieurs du roman libertins, en infléchissant toujours plus les révolutions de l’architecture privée dans le sens d’une fonctionnalisation et d’une « commodisation » croisent et préparent à la fois, dans un étrange jeu d’échos, les confortables intérieurs bourgeois qui triompheront dans les mœurs et l’imaginaire du xixe siècle.

The Enlightenment saw the invention of the bourgeois sphere in its double dimension as public and intimate space. Paradoxically, this latter developed at the very heart of courtesan aristocracy, in the intricacies of the sophisticated distribution of private apartments within the individual `` hôtel'' or city dwelling. This article teases out traces of the opening of this breah at the heart of aristocratic space – which indicates a crisis in Court ideology – in the contradictions in the discourse of treatises on architecture and their literary sublimation. The domestic interiors in libertine novels, in pushing the revolutions of private architecture towards ever greater functionality and commodification both intersect with and prepare, in a curious game of echoes, the comfortable bourgeois interiors which will triumph in 19th century imagination and reality.