Nietzsche, Brecht, Claudel : Roland Barthes face à la tragédie musicale grecque
Type de matériel :
62
Du mémoire philologique de 1941 consacré aux scènes d’évocation et d’incantation dans la tragédie grecque jusqu’à l’analyse structuraliste du « théâtre grec » en 1965, Roland Barthes s’est régulièrement penché sur la tragédie musicale des Grecs afin de réfléchir au statut de la musique dramatique. Notre intention est donc d’étudier conjointement le théâtre et la musique dans une partie de l’œuvre de Barthes avant 1968 et de montrer comment la tragédie grecque a constitué pendant près de trois décennies une référence constante, quoique méconnue. Barthes a en effet engagé très tôt un dialogue avec Nietzsche, avant de recevoir la révélation de Brecht ; mais il s’est aussi intéressé à Claudel, dont l’ Orestie offre selon lui un modèle pour les représentations contemporaines de tragédie grecque, en dépit de la discontinuité fondamentale entre la Grèce antique et l’époque moderne. La théâtralité, le dionysiaque, le chœur, le rôle de la musique dramatique constituent alors autant de problèmes que l’auteur de Sur Racine analyse à plusieurs reprises entre 1941 et 1965, dans une perspective non aristotélicienne et antiromantique.
In this paper, we will study the relation between music and theater in a few texts of Roland Barthes, particularly his philological dissertation about Greek tragedy (1941), “Pouvoirs de la tragédie antique” (1953) and “Le théâtre grec” (1965). Firtsly, we will show how the concept of “théâtralité” is partially constructed on the basis of Barthes’ interpretation of Aeschylean tragedy. Then, the prominent figure of Aeschylus leads him to a dialogue with Nietzsche, Brecht and Claudel, whose Orestie, written in the beginning of the twentieth century with Darius Milhaud, was always a model for Barthes. The French theoretician is interested in three main issues: music and its effects, Dionysius and the Dionysian, the chorus. After Nietzsche and Brecht, he proposes a non Aristotelian and anti-Romantic analysis of Greek tragedy; therefore, this analysis could be compared to the contemporary researches of such Hellenists as George Thomson or Jean-Pierre Vernant.
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