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Peut-on contrôler autrui par l’utilisation des normes spatiales ? Cette contribution propose de répondre à cette question qui permet également d’enrichir les approches traditionnelles de l’école de la proximité en y intégrant la question du pouvoir, une dimension quelque peu laissée de côté selon les tenants de cette approche. Pour ce faire, nous avons mobilisé le concept de dispositif tel que défini par Michel Foucault ainsi qu’une vaste littérature en géographie sociale et critique. Empiriquement, notre recherche repose sur l’étude d’un cas unique : l’action d’une agence régionale de santé. Cette organisation étatique a en effet pour but de piloter le système de santé sur un espace délimité en organisant l’action des opérateurs sur le territoire par différents mécanismes (contractualisation, appels d’offres, allocation de ressources, inspection/contrôle, etc.). Cette contribution amène ainsi à enrichir notre compréhension des mécanismes de contrôle formel en proposant une grammaire de ces mécanismes et en les ancrant empiriquement. Elle souligne également que l’espace doit être envisagé simultanément comme générateur et produit des relations de pouvoir dans le champ organisationnel – un espace sur lequel il faut s’aligner quand on est en situation de dominé, ou le tenter de le contester. Enfin, elle propose une vision dynamique du contrôle inter-organisationnel par l’emploi du concept de dispositif. Utiliser ce concept à l’échelle inter-organisationnelle nous amène toutefois à essentialiser les organisations, saisies comme des boîtes noires. Cela nous empêche ainsi de saisir l’influence des logiques intra-organisationnelles – par exemples les groupes professionnels – sur les relations spatiales. Ce qui pourrait faire l’objet de recherches ultérieures stimulantes.

Can we control organizations through the use of spatial norms? This contribution proposes to address this question, which also extends the traditional approaches of the school of proximity by integrating the question of power, a dimension that has been somewhat neglected according to the supporters of this approach. To achieve this objective, we have mobilized the concept of “dispositif” as defined by Michel Foucault as well as a broad literature in social and critical geography. Empirically, our research is based on the study of a unique case: the action of a regional health agency. The aim of this state organization is to manage the health system in a defined area by organizing the actions of operators through various mechanisms (contracts, calls for proposals, allocation of resources, inspection/control, etc.). Thus, this contribution contributes to enrich our understanding of formal control mechanisms by proposing a grammar of these mechanisms and by grounding them. It also emphasizes that space must be considered simultaneously as a generator and a product of power relations in the organizational field – a space to be aligned with when one is in a dominated position, or to be attempted to contest. Finally, it proposes a dynamic vision of inter-organizational control by using the concept of “dispositif”. However, using this concept at the inter-organizational level leads us to see organizations as black boxes. This impedes us from understanding the influence of intra-organizational logics – for example, professional groups - on spatial relations. This could be the subject of further stimulating research.