47

Un moment occulté par le grand mouvement de démocratisation des années 1990-2008, le concept de totalitarisme retrouve toute son actualité dans le contexte parfois caractérisé comme un affrontement des démocraties occidentales avec des adversaires de plus en plus radicalisés, Russie comme Chine. Ainsi se trouve-t-il mobilisé dans des campagnes de dénonciation de l’adversaire. Or son usage n’est pas neutre. Le totalitarisme doit-il exprimer un niveau d’indignation à l’égard d’une dictature agressive ou désigner une catégorie utile à l’analyse géopolitique ? Pour évaluer sa pertinence actuelle, il convient de revenir sur ses définitions, son fonctionnement, avant d’esquisser une typologie de variantes aux enjeux géopolitiques différents.

Although it was overshadowed by the great 1990-2008 democratisation movement, the concept of totalitarianism is regaining relevance in a context sometimes described as a confrontation between Western democracies and increasingly radical adversaries, such as Russia and China. As a result, it is weaponised in campaigns to denounce the enemy, but its use is not neutral. Should it convey indignation towards aggressive dictatorships or refer to a useful category for geopolitical analysis? To assess its current relevance, this article delves into the definitions and mechanisms of totalitarianism and outlines a geopolitical typology for this concept.