La maladie mentale en question
Type de matériel :
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RésuméDans cet article, on propose d’analyser la psychiatrie comme une technique de gouvernement des individus (au sens foucaldien) et de resituer certaines mutations récentes du champ psychiatrique à l’intérieur d’une transformation plus large des rationalités « gouvernementales ». On montre ainsi comment le dispositif de santé mentale a toutes les caractéristiques d’un « dispositif de sécurité » qui se développe sur un territoire ouvert, s’appuie sur une autonomie relative des sujets et fonctionne dans l’ensemble de la population sur un continuum d’états non strictement délimités en termes malade/non malade. On examine ensuite les conséquences de ces mutations sur la notion de maladie mentale même, qui tend à disparaître au profit des catégories de « souffrance psychique » et « troubles mentaux », avant de nous arrêter plus spécifiquement sur certaines conséquences liées à la perte de spécificité du statut de « malade mental » et à une relative disparition d’une problématique de la pulsion au profit de la relation à l’autre. On avance pour finir que c’est à l’intérieur de ce cadre de transformation des techniques de gouvernement des individus, liée à un mode « libéral » de gouvernement des conduites, que le succès des tcc doit être resitué.
In this article, I propose to read psychiatry as a technique for the government of the individuals (in a foucaldian sense) and to analyse some recent transformations of the psychiatric field inside a broader mutation of « governmental rationalities ». I show how mental heath apparatus corresponds to a « security apparatus » that develops on a open territory, relies on a relative autonomy of the individuals and works over the whole population on a continuum of states not strictly segregated in categories as ill / not ill. I examine then how these transformations have consequences on the notion of « mental illness » itself, that tends to disappear and be replaced by notions like « psychical suffering » and « mental troubles ». I study more specifically some consequences of the loss of specificity of the mentally ill’s status and of the relative disappearance of the pulsional problem replaced by the question of relationships to others. I argue to conclude that it is inside this broader transformations of techniques for the government of individuals, linked to a « liberal » government of conducts, that the success of cognitive and behavioral therapies must be analysed.
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