Introduction : La révolution industrieuse introuvable
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Le dossier contenu dans ce numéro revient de manière critique sur deux concepts largement repris par l’historiographie, la consumer revolution et l’ industrious revolution, qui se seraient produites au cours des XVIIe et surtout XVIIIe siècles, et auraient leur épicentre dans les Provinces-Unies, ou plus largement au nord-ouest de l’Europe. Prenant appui sur les indicateurs laissés par la documentation, et notamment par les inventaires après décès, en Catalogne et en Île-de-France, les contributions de ce dossier remettent en cause l’idée selon laquelle la soif de consommation des populations expliquerait une intensification du travail qui aurait elle-même débouché sur un développement de la production et, au-delà, sur les prémices d’une révolution industrielle. Bien au contraire, ces études montrent qu’il n’y a pas de véritable spécificité hollandaise, pas de little divergence, et que ce seraient plutôt les circonstances contingentes, des « opportunités » procurées par une nouvelle offre de travail, par la fin des grandes catastrophes et par l’ouverture des marchés, qui auraient alimenté un supplément d’activité et de revenus pour les consommateurs. La conjugaison de la hausse du niveau de vie qui en aurait résulté avec l’offre de produits nouveaux et, peut-être, de produits meilleur marché, aurait permis à la demande de progresser et aux ménages de consommer davantage, dans des espaces privilégiés discontinus et non pas polarisés autour d’un point focal imaginaire.
The papers in this volume take a critical look at two concepts much used by historians: the “consumer revolution” and the “industrious revolution”, which are thought to have occurred during the 17th and especially the 18th century, having their focal point in the United Provinces, or more broadly, north-western Europe. Historical data, particularly post-mortem inventories from Catalonia and the Île-de France, cast doubt on the idea that a general thirst for consumer products brought about an intensification of labour that in turn led to greater production, and ultimately, to the beginnings of an industrial revolution. Quite the contrary, they demonstrate that Holland did not constitute a real special case, or a “little divergence”. These papers argue that increased activity and consumer income were fed by contingencies, the opportunities offered by a new labour supply, the end of the great demographic and meteorological catastrophes and the opening of new markets. The higher standard of living which these factors would have produced, combined with a supply of new and perhaps cheaper products, would have allowed demand to rise and households to consume more, but within distinct, favoured geographical areas, not simply in places radiating around an imaginary focal point.
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