Historiens et littérature, romanciers et histoire : autour de quelques livres récents
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L’article s’intéresse à la manière dont l’histoire et la littérature réélaborent aujourd’hui leurs relations et proposent au public des livres d’un genre nouveau : fondés sur des faits réels qu’ils reconstruisent et dont ils donnent une interprétation, ces textes se caractérisent par une attention particulière pour le style et par la présence imposante de leurs auteurs dans le texte en tant que garants de leur validité/valeur scientifique. Le sens épistémologique de cette démarche n’est pas le même lorsqu’elle est menée par des historiens, comme Ivan Jablonka, ou par des romanciers, comme Javier Cercas – les deux cas d’étude proposés ici. La recherche d’une implication émotive du lecteur à travers la mise en scène de l’écrivain et de ses propres sentiments n’a pas les mêmes implications pour l’histoire et pour la littérature, et risque de perdre de vue l’importance d’une forme de connaissance critique moins empathique mais non moins utile, qui est peut-être l’un des apports spécifiques de l’histoire vis-à-vis de la littérature.
This article addresses the manner in which history and literature have recently restructured their relationship through a new genre that has recently emerged through some books. Based on real facts that authors reconstruct – and about which they propose an interpretation – these texts are characterized by a particular attention to a narrative style and the imposing presence of the author as a guarantor of the text’s scientific validity. One can also see that the epistemological sense of this approach differs when a historian, such as Ivan Jablonka, carries it out as opposed to when a novelist, such as Javier Cercas, does. In these two cases that I will discuss here, one sees an effort to evoke emotions on the part of the reader through a writer’s staging as well as his/her own feelings does not have the same implication for history as it does for literature. With such an approach, history risks losing sight of maintaining a critical stance that is, perhaps less empathic but no less useful, and that is one of the specific contributions of history to literature in the first place.
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