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Crowd psychology emerged as a social science through a dialogue between French and Italian scholars, but the conception of crowds and their emotions that emerged was not the same on either side of the Alps. This article highlights the ambivalent view of crowd emotions held by the Italian pioneers of crowd psychology at the end of the nineteenth century. It shows that, contrary to the prevailing belief that claims that studying crowds is merely an ideological attempt to depoliticize mass movements, the Italian theorists peceding Gustave Le Bon endorsed, albeit with significant contradictions, two conceptions that were in many ways diametrically opposed. On the one hand, a biologistic and deterministic conception in which emotions are seen as primitive and violent instincts that must be repressed. On the other, a reading that aims to assign historical and political significance to the emotions of the revolting crowds, taking into account the historical and social context in which these emotions were expressed.

La psychologie des foules a été une science sociale issue d’un dialogue entre savants italiens et français, mais la conception des foules et de leurs émotions qui en ressort n’est pas la même d’un côté et de l’autre des Alpes. Cet article met en lumière l’ambivalente conception des émotions des foules chez les pionniers italiens de la psychologie des foules, à la fin du XIXe siècle. Contrairement à la vulgate qui prétend que la pensée de la foule n’est rien d’autre qu’une tentative idéologique pour dépolitiser les mouvements de masse, les théoriciens italiens avant Gustave Le Bon ont soutenu à la fois – au prix de fortes contradictions – deux conceptions à bien des égards opposées. D’un côté, une conception biologiste, anhistorique et déterministe dans laquelle les émotions sont assimilées à des instincts primitifs et violents qui doivent être réprimés. De l’autre, une lecture qui vise à donner une signification historique et politique des foules en révolte et de leurs émotions, parce qu’elle prend en compte le contexte historique et social dans lequel elles se sont exprimées.