Mort et folie : comment ne pas parler de la mort
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The Middle Ages was one of the deadliest periods in European history, perhaps the most devastating. It would take countless pages to fully describe the scale of the disasters and calamities that ravaged medieval Europe, transforming the continent into a vast metaphorical morgue. European populations were in no way prepared to face such horror. One of the consequences was the emergence of madness as a social phenomenon, beyond just an individual mental disorder. How can one rationalize the irrational? How can one cope with the absurdity of mass death? Umberto Eco, although addressing this question in a different context, offers us a suggestion: In the face of the inescapable reality of death, the only tool we have left is laughter. In a sense, this is what medieval Europeans did, constantly stalked by death. There is much to learn from the history of the Middle Ages, especially since the “Great Death” has not disappeared in the twenty-first century. New pandemics, perhaps deadlier than that of 2019, and the ever-present threat of total nuclear war could bring it back. Homo sapiens has been capable of facing death, at least since the end of the Pleistocene, but has never been prepared to confront the “Great Death,” the one that struck European populations during the Middle Ages.
Le Moyen Âge a été l’une des périodes les plus meurtrières de l’histoire européenne, peut-être la plus dévastatrice. De nombreuses pages seraient nécessaires pour décrire l’étendue des catastrophes et calamités qui ont ravagé l’Europe médiévale, au point de transformer le continent en une immense morgue métaphorique. Les populations européennes n’étaient nullement préparées à affronter une telle horreur. L’une des conséquences fut l’émergence de la folie comme phénomène social, au-delà du simple trouble mental individuel. Comment rationaliser l’irrationnel ? Comment faire face à l’irrationalité de la mort de masse ? Umberto Eco, bien qu’abordant cette question dans un autre contexte, offre une piste: face à la réalité inéluctable de la mort, le seul recours est le rire. En un sens, c’est ce que les Européens médiévaux ont fait en étant constamment guettés par la mort. Nous avons beaucoup à apprendre de l’histoire du Moyen Âge, d’autant plus que la « Grande Mort » n’a pas disparu au xxiᵉ siècle. Des pandémies, peut-être plus mortelles que celle de 2019, et la menace toujours présente d’une guerre nucléaire totale, pourraient la raviver. L’Homo sapiens est définitivement capable d’affronter la mort, depuis au moins la fin du Pléistocène, mais il n’a jamais été préparé à affronter la « Grande Mort », celle qui frappa les populations européennes au Moyen Âge.
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