L’espace de la maladie dans les registres sanitaires de la Principauté de Samos (XIXe siècle) : écritures et représentations
Type de matériel :
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The General State Archives in Samos hold the documents of the administrative service of the principality. At that time (1832–1912), Samos operated as an autonomous state subordinate to the Ottoman Empire; it was also the meeting point of often opposing worlds: the East and the West, Greece and the Sublime Porte. During this period, the Aegean Island gradually took on the substance of a state: a parliament, an autonomous administration, an education system, an official newspaper, a general chemical analysis laboratory, an import policy, etc. One of the crucial issues was the health of the citizens: the organization of health care and control of health structures, vaccination and prevention policies, the establishment and operation of a hospital, a leprosarium, local dispensaries, and lazarettos. The defense against epidemics (smallpox, cholera, typhus, etc.), and illnesses (leprosy, tuberculosis, malaria, skin diseases, venereal infections), as well as the entire effort to build a health care system, were recorded in a language with a unique aesthetic, where literary and poetic testimony often produced significant ruptures with the codes of scientific or normative narration. These administrative texts and the density of the correspondence give shape to the place, highlight conflicts, and outline explicit, implicit, and unspoken geographies, as well as spatial relationships and contradictions. Their literariness gives them an unusual significance. They have the potential to be chronicles, dramaturgy, monologues, essays. Within this bureaucratic record, the suffering body, both individual and collective, as well as the remedy and the cure, reveal a spatial and cultural organization of Samos. The space of declaring and treating illness, the historical references, and the highlighting of the issues that arose at the time, demonstrate that the vector of figuration and representation of space, as well as its quintessential entity, is the body in itself— perishable, transhistorical, and above all, literary.
Aux Archives Générales de l’État, à Samos, sont conservés les documents du service administratif de la principauté. À cette époque (1832-1912), Samos fonctionne comme un État autonome subordonné à l’Empire ottoman ; elle est en même temps le point de jonction de mondes fréquemment opposés : l’Orient et l’Occident, la Grèce et la Sublime Porte. C’est ainsi qu’une île de l’Égée acquiert progressivement la substance d’un État : un parlement, une administration autonome, un système éducatif, un journal officiel, un laboratoire général d’analyses chimiques, une politique des importations, etc. La question cruciale est la santé des citoyens : l’organisation sanitaire et le contrôle des structures de santé, la politique des vaccins et de la prévention, l’érection et le fonctionnement d’un hôpital, d’une léproserie, des dispensaires locaux et des lazarets. La défense face aux épidémies (variole, choléra, typhus), et aux affections (lèpre, tuberculose, maladies de la peau, infections vénériennes), mais aussi l’ensemble de l’effort de construction d’un système de santé sont consignés dans une langue à l’esthétique singulière, où souvent le témoignage littéraire, poétique, force les codes de la narration scientifique ou normative. Ces textes administratifs et la densité de la correspondance configurent le lieu, soulignent des conflits, dessinent des géographies explicites, implicites et non dites, des relations et des contradictions spatiales. Leur littérarité leur confère une portée insolite. Ils constituent en puissance une chronique, des dramaturgies, des monologues, des essais. Au sein de cet enregistrement bureaucratique, le corps souffrant, individuel et collectif, le remède et la cure exposent une organisation spatiale de Samos. L’espace de déclaration et de thérapie de la maladie, les références historiques et la mise en relief des problèmes qui se posaient alors démontrent que le vecteur de figuration et de représentation de l’espace, mais aussi son entité par excellence, est le corps in se, périssable, transhistorique, littéraire.
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