La décolonisation de la santé publique en Bolivie ou la fragmentation de tout un secteur
Type de matériel :
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Introduction: During its first ten years (2006–2016), the government of Evo Morales led Bolivia through a wave of reforms aimed at establishing a popular nationalism, free from what it calls “Western imperialism.”Purpose of the study: This article analyzes the implementation of the decolonization process, particularly in the reproductive health sector. It highlights the effects generated on those involved and the mechanisms of appropriation and/or rejection. To do this, it focuses on three measures: the My Health program, the professionalization of traditional midwives, and the cultural adaptation of delivery rooms.Results: While the deployment of the My Health program is developing community medicine that is appreciated by users, it is also giving rise to deep rivalries among healthcare professionals and decision-makers alike. Furthermore, when it comes to intercultural childbirth, the study reveals a lack of both supply and demand.Conclusion: Far from reforming it structurally, the decolonization process seems to have caused a deep ideological and organizational split within the health sector. The new measures have been implemented in the form of additional, competing programs, which has caused difficulties regarding their acceptance and integration within the established healthcare system. What’s more, while in its discourse the government rejects Western colonization, in practice it remains heavily dependent on international aid.
Introduction : Durant ses dix premières années de mandat (2006-2016), le gouvernement d’Evo Morales a entraîné la Bolivie dans un flot de réformes visant à mettre en place un nationalisme populaire, affranchi de ce qu’il appelle « l’impérialisme occidental ».But de l’étude : Cet article analyse la mise en œuvre du processus de décolonisation en particulier dans le secteur de la santé reproductive. Il met en lumière les effets générés sur les différents acteurs et les mécanismes d’appropriation et/ou de rejet. Pour cela, il se concentre sur trois dispositifs : le programme Ma Santé, la professionnalisation des sages-femmes traditionnelles et les salles d’accouchement culturellement adaptées.Résultats : Tandis que le déploiement du programme Ma Santé développe une médecine communautaire appréciée des usagers, il entraîne de profondes rivalités à l’échelle des professionnels de santé comme des décideurs. Par ailleurs, concernant l’interculturalité de l’accouchement, l’enquête révèle à la fois une absence de l’offre comme de la demande.Conclusions : Loin de le réformer structurellement, le processus de décolonisation semble avoir provoqué une profonde fracture à la fois idéologique et organisationnelle au sein du secteur de la santé. Les nouvelles mesures ont été mises en œuvre sous la forme de programmes supplémentaires et concurrentiels, ce qui a rendu difficiles leur acceptation et leur articulation avec le système de santé déjà établi. De plus, alors que le gouvernement rejette dans ses discours la colonisation occidentale, dans les faits, il reste fortement dépendant de l’aide internationale.
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