23

Le concept de personnalité « as if » a été utilisé de façons diverses dans la littérature analytique, sans avoir fait l’objet d’une théorisation fondée sur la clinique. L’auteur présente les fondements de cette notion qu’elle a élaborée à partir de son expérience clinique directe et de supervision. Elle identifie un tableau clinique qui comporte un ensemble d’éléments qui constituent un type particulier de défense du soi chez certains patients particulièrement doués pour vivre leur créativité dans le monde, au-delà de tout ce que peut laisser espérer leur histoire. Ce tableau clinique inclut l’effondrement et la maladie du corps du fait que la souffrance psychique liée aux traumatismes précoces se sont inscrits dans la mémoire corporelle et non dans la psyché. La personnalité « as if » se caractérise par l’intériorisation de l’absence de l’objet, qui inscrit au cœur de la personnalité un sentiment de vide. Tant que les réserves énergétiques ne sont pas épuisées, le self est capable d’actes d’autocréation grâce à des identifications et à l’intériorisation d’expériences positives de substitution. L’auteur appuie son propos sur la présentation d’une patiente « composite » et insiste sur le rôle essentiel du contre-transfert et sur la forte pression qui s’exerce sur l’analyste dans le travail avec ce type de patient.

The concept of the « as if » personality has been used variously in analytic literature, without ever having been the subject of a clinically-based theory. Herein, the author presents the basics of the concept she elaborated from observations she made as both analyst and supervisor. She identifies a set of symptoms including a number of elements indicating that the « as if » personality is a special type of self-defense mechanism in patients with an exceptional capacity for engaging creatively with the world, beyond the expectations one might have based on their personal history. This clinical picture includes physical collapse and illness caused by psychic suffering associated with early childhood trauma, which has become part of the bodily memory rather than that of the psyche. When the absence of the object is internalized, the core of the personality is indelibly imprinted with a feeling of emptiness. As long as the energy resources of the self are not exhausted, it is capable of acts of self-creation, drawing upon identifications and internalized positive substitution experiences. The author’s theory is based on the presentation of a « composite » patient. She emphasizes the key role played by countertransference and the intense pressure placed upon the analyst in work with this type of patient.