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Cette contribution analyse le processus de patrimonialisation du palais royal d’Abomey dans une approche qui croise l’anthropologie religieuse et muséale. Cette approche permet d’expliciter le processus de redoublement, ou de reformulation, de la réflexivité rituelle introduite avec le dispositif muséal, par une réflexivité de l’action rituelle, à l’occasion des commémorations du centième anniversaire de la mort du roi Béhanzin au musée palais royal d’Abomey (Bénin). Loin de voir une incompatibilité ou une « dénaturation » entre le musée et le rituel, je propose d’étudier la stratification de ces espaces qui sont à la fois des musées et des lieux de culte. En d’autres termes, nous verrons comment les rituels, qui se déroulent dans le musée palais royal, sont pris dans une dialectique où opèrent deux modalités réflexives : celle du rituel et celle qui porte sur l’action du rituel médiatisée par le dispositif muséal. Cette dialectique génère une dynamique qui garantit, paradoxalement, la reproduction et la transmission du rituel institué comme tradition. C’est précisément par cette tradition performée rituellement dans les musées palais royaux que nous parvenons à comprendre l’agentivité des biens patrimoniaux.

‪This contribution analyses the process of patrimonialisation of the royal palace of Abomey in Benin, taking an approach that draws on both religious and museum anthropology. This approach makes it possible to explain the process of redoubling, or re-formulation, of the ritual reflexivity introduced with the museum device, by a reflexivity of the ritual action, on the occasion of the commemorations of the centenary of the death of King Behanzin at the Royal Palace Museum of Abomey. Far from seeing an incompatibility or a ‘denaturation’ between the museum and the ritual, I propose to study the stratification of these spaces that are both museums and places of worship. In other words, I demonstrate how the rituals, that take place in the Royal Palace Museum, are caught in a dialectic where two reflexive modalities operate: that of the ritual, and that of the ritual action mediated by the museum device. This dialectic generates a dynamic that guarantees, paradoxically, the reproduction and transmission of the ritual instituted as tradition. It is precisely through this ritually-performed tradition in the royal palace museums that we can come to understand the agentivity of heritage assets.‪