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Il est courant de faire du principe de subsidiarité une idée philosophique au contenu intemporel. L’usage qui en est fait dans l’ordre juridique de l’Union européenne invite pourtant à s’écarter de cette lecture qui oublie trop la plasticité du mot. À plus d’un titre, Jacques Delors aide à resituer la subsidiarité dans son contexte communautaire. Il a œuvré pour l’inscription du principe dans le traité de Maastricht, et sa culture politique – le personnalisme – donne une résonance particulière au réinvestissement de ce vocable chrétien. Cependant, la subsidiarité dont il s’est fait le promoteur à Bruxelles n’est déjà plus la subsidiarité catholique d’origine.

Subsidiarity in Jacques Delors. From Christian socialism to European federalism It is common to consider the subsidiarity principle to be a philosophical idea that has timeless content. However, examination of how this term has been used within the European Union’s legal order suggests this reading should be discarded because it overlooks its plasticity. Indeed, analyzing Jacques Delors’adoption of the subsidiarity principle allows one to resituate its Community context. He strove to ensure the inscription of the principle in the Maastricht treaty and his own political culture – personalism – provided a particular resonance to the reinvestment made in this Christian term. However, the subsidiarity promoted by Delors in Brussels quickly became far removed from that of its Catholic origins.