Le ver est-il dans le fruit ? La référence à l’infantile et à l’enfant, qui constitue le pivot de la démarche psychanalytique, abrite une forme de résistance particulière à l’épreuve de l’inconscient, jusqu’à brouiller les repères fondateurs de la psychanalyse: le rabattement de la recherche de l’originaire sur l’origine, la confusion entre la sexualité infantile et le développement de l’enfant en général, entre l’enfant reconstruit en psychanalyse et l’enfant réel. S’agirait-il alors d’un problème relevant d’une confusion d’objet et de champ née de l’extension de la psychanalyse au traitement des enfants, et soutenu ensuite par l’exigence croissante de l’objectivation scientifique ? Pourtant, on ne saurait s’en tenir à des considérations d’ordre théorique et épistémologique, sauf à manquer de voir que la confusion en question est à l’œuvre au cœur même de la pratique analytique. C’est, tel est le parti pris de ce livre, que le glissement de l’infantile à l’enfant trouve sa source dans la confrontation aux enjeux psychiques du sexuel infantile, ceux-là mêmes mobilisés par le processus analytique pour en faire le moteur de sa dynamique, comme la passivité et l’après-coup.