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Cet article propose d’investiguer des réflexions épistémologiques à partir de savoirs expérientiels de la folie, et plus spécifiquement celle du "délire mystique". Il s’agit de questionner le postulat des savoirs biomédicaux qui définissent cette expérience comme un trouble psychique. Pour ce faire, je m’appuie sur ma propre expérience de "délire mystique" ainsi que sur mes nombreux échanges avec des personnes concernées. En tant que chercheuse et experte par expérience, je m’engage pour des recherches situées inspirées du standpoint feminism de Harding auquel l’argument principal consiste à penser à partir des vies et expériences marginalisées, ici, celles des patientes et des patients psychiatrisées et étiquetées comme "malades mentaux". En convoquant différents champs disciplinaires comme la psychiatrie, la philosophie, la sociologie et l’anthropologie, je montre que la pensée de la folie diffère de celle de la modernité. La pensée de la folie s’inscrit dans un invisible savoir au sens où l’entendait Michel Foucault. Elle questionne notre rapport "au réel" dans notre positionnement ontologique aux autres et au monde. Elle remet en cause l’idée du progrès de la connaissance et s’inscrit comme un renversement des perspectives et des logiques.