La prégnance des discours sur la réforme de l’État constitue, en France comme dans la plupart des pays occidentaux, un phénomène ritualisé remarquable. Désirant ne pas accorder aux politiques de réforme de l’État une excessive performativité ou une incapacité consubstantielle à transformer l’administration, l’auteur de cet ouvrage tente de les considérer à leur juste place en tenant ensemble trois dimensions inséparables: les initiatives intentionnelles et les stratégies des groupes réformateurs ; les contraintes que les institutions existantes du système administratif français imposent aux activités de réforme ; les significations politiques contextuelles et plus globales qu’elles revêtent. L’analyse historique et sociologique des politiques de réforme de l’administration proposée dans cet ouvrage poursuit donc un triple objectif: comprendre les choix successifs de réforme administrative réalisés en France des années 1960 aux années 2000 et les processus qui y conduisent ; expliquer la spécificité de la trajectoire hexagonale et la forme qu’y revêt le tournant néo-managérial en identifiant les modes d’influence des institutions ; réfléchir à la signification politique de cette activité désormais institutionnalisée qui revendique de «gouverner l’administration», appelée ici le «souci de soi de l’État».