La stabilité politique dont bénéficie la Tanzanie depuis son indépendance et l’absence d’événements majeurs de contestation, malgré la récurrence de périodes autoritaires du régime, lui ont permis d’enregistrer une croissance économique robuste soutenue par les bailleurs de fonds internationaux. Dès 2020, la Tanzanie a rejoint la catégorie des pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure (PRITI), cinq ans avant son objectif programmé de 2025. Le dynamisme de la trajectoire de croissance repose sur celui de la demande interne, la Tanzanie bénéficiant d’un important marché domestique de près de 70 millions d’habitants et d’un taux d’investissement inégalé dans la région. Cette configuration de l’économie a joué un rôle d’amortisseur face aux crises internationales récentes dont l’impact a été beaucoup moins sévère que dans les autres pays d’Afrique subsaharienne plus sensibles aux chocs externes. À court et moyen terme, la croissance devrait dépasser 6 %, en raison d’une inflation modérée et sous contrôle, d’une politique monétaire accommodante, du dynamisme des exportations (or et tourisme) et des investissements conséquents liés aux grands projets. Conscientes des efforts à fournir pour améliorer les comptes publics, les autorités ont fait appel au FMI en 2022 pour soutenir leurs réformes visant notamment l’accroissement des recettes fiscales, particulièrement faibles et entamées par le poids de la charge de la dette qui s’accentue. La discipline budgétaire est cependant un des atouts du pays et la consolidation en cours, ainsi que l’amélioration du déficit courant qui profite des cours de l’or, du retour massif des touristes et de la baisse des prix mondiaux des matières premières, contribueront à la réduction progressive du taux d’endettement. Peu inclusive, la croissance ne permet cependant pas une amélioration significative ni rapide du développement humain dont l’indice figure dans le bas du tableau. Cela affecte la productivité et, en retour, le potentiel de croissance. Or la démographie de la Tanzanie, parmi les plus dynamiques au monde, pèse sur le revenu par habitant et vient éroder les efforts, encore modérés, engagés en termes de réduction de la pauvreté et d’investissement dans les secteurs sociaux. Au risque démographique s’ajoute un risque environnemental lié à la vulnérabilité climatique et aux menaces qui pèsent sur la biodiversité.