European society and social Europe: Durkheimian perspectives
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This article examines the European extension that Émile Durkheim confers on the division of labour. It examines the surprising Durkheimian proposal that an increase in the division of labour is the morphological condition for the emergence of the European society. How understand this Durkheimian foundation of the European society on the question of labour and, more precisely, its division? A first possible interpretation might be that the performance by each European nation of specialised functions, complementary to those performed by the other European nations, would allow the spontaneous emergence of European society, with each nation becoming aware, through functional complementarity, of the European totality to which it contributes. The interpretation I defend in this article is not this functionalist one, but an institutionalist and socialist one. For Durkheim, the achievement of European society depends in the progress of a division of labour not between the different European states, but within each one, but if and only if this division consists of an institutional and socialist organisation of labour. Achieving Europe as a “European society” means advancing a European organisation of work. More precisely, with the Durkheimian project to reform the occupational groups, we can draw up a theoretical outline of what a social Europe could be.
Cet article interroge l’extension internationale et, en premier lieu, européenne qu’Émile Durkheim confère à la division du travail. Y est étudiée cette proposition durkheimienne surprenante qui fait de l’accroissement de la division du travail la condition morphologique de l’advenue d’une véritable société européenne. Comment faut-il comprendre cette assise durkheimienne du projet de société européenne sur la question du travail et, plus précisément, sur celle de sa division? Une première interprétation possible pourrait être que l’accomplissement par chaque nation européenne des fonctions spécialisées, complémentaires de celles réalisées par les autres nations, permettrait l’émergence spontanée de la société européenne, chaque nation prenant conscience, par la complémentarité fonctionnelle, de la totalité européenne à laquelle elle contribue. L’interprétation défendue dans cet article n’est pas spontanéiste et fonctionnaliste, mais institutionnaliste et socialiste. La condition d’accomplissement de la société européenne ne réside pas dans les progrès d’une division du travail entre les différents États-nations européens, mais dans ceux de la division du travail au sein de chaque État-nation européen, mais ce, si et seulement si cette division consiste en une organisation institutionnelle et socialiste du travail. Poursuivre l’idéal de fraternité humaine, c’est ainsi, dans les conditions morphologiques qui sont les nôtres, accomplir l’Europe comme ‘société européenne’. Et accomplir l’Europe comme ‘société européenne’, c’est faire progresser une organisation européenne du travail. Plus exactement, à partir du projet durkheimien de réforme des groupements professionnels en charge de l’organisation moderne du travail, on peut dessiner une esquisse théorique de ce que pourrait être une Europe sociale.
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